«Produisez et nous consommerons ! », a lancé Gaël Savrot, directeur d’activités chez Axéréal Élevage, à près de 80 céréaliers, lors d’une journée « Devenir céréalier bio, pourquoi pas vous ? », le 18 janvier dernier, à Moriers, dans l’Eure-et-Loir. En France, un tiers des besoins en céréales bio ne sont pas couverts.

Ainsi, en alimentation animale, la coopérative Axéréal prévoit une augmentation de 20 000 tonnes de céréales bio dans les cinq prochaines années pour répondre à la demande de ses clients. Le message est identique pour la farine, comme l’a expliqué Luc Peinturier, responsable des filières bio à Moulin Bourgeois : « Nous sommes en augmentation de 15 % par an, alors que le marché traditionnel de la farine régresse de 1 %. Nous n’arrivons pas à satisfaire les besoins de nos clients en blé bio français. » Ou encore pour la bière, avec une forte demande des microbrasseurs. « Le malt bio manque. Il faut réussir à structurer la filière, comme en orge conventionnelle, ainsi qu’à homologuer des variétés en bio », a ajouté Yahia Chabane, directeur des Maltiers, la marque micro-brasseur du producteur de malt Boortmalt.

Selon BioCentre, qui organisait la journée d’information, il faudrait doubler les surfaces bio en cinq ans pour atteindre l’objectif d’autosuffisance des filières meunerie et aliment du bétail. Il faut dire que la région Centre, le « grenier à grains » de l’Europe, part plutôt de loin.

Doubler les surfaces

En 2016, la filière bio ne comptait que 433 fermes ainsi que 22 000 hectares, soit 1,7 % de la surface des grandes cultures (1 % dans le Loiret et 2,4 % dans le Cher). Après une année de stagnation en 2016, les conversions semblent reprendre en 2017, avec 31 fermes recensées au mois de juin 2017. Dans un contexte de prix moroses en conventionnel, les résultats économiques bio peuvent séduire : un prix de vente entre 340 et 450 €/t pour du blé bio en 2016 avec des rendements entre 33 et 46 q/ha, un EBE moyen de 500 €/ha en 2015 et 2017, selon le CER Alliance Centre.

Lors de la réunion d’information, certains céréaliers émettaient des doutes : « Lorsqu’il y aura eu beaucoup de conversions, les prix seront-ils toujours aussi intéressants ? » Mais leur affluence dénotait un fort intérêt.