«Je ne produis aucune banane depuis le passage de l’ouragan Maria mi-septembre, explique José Bedot, planteur sur 10 ha au Lorrain, au nord-est de la Martinique. Les dégâts ont nécessité de faire repartir un des rejets successeurs de la plante. Les prochaines livraisons interviendront début avril, pour un retour à la normale en mai. C’est financièrement très dur. »

Ainsi, 95 % des planteurs du nord de la Martinique subissent le même sort. L’île aux fleurs a toutefois moins souffert que la Guadeloupe où l’export ne devrait reprendre qu’en juillet prochain.

Un nouveau cyclone serait dévastateur

« Sur un droit à produire de 300 tonnes, j’ai perdu 70 tonnes, soit 30 000 € de chiffre d’affaires, calcule José. Et c’est sans compter les frais liés à la réhabilitation de la bananeraie. » Installé depuis neuf ans, cet hors cadre familial a déjà encaissé l’ouragan Matthew en 2016. Sur les 15 000 € de perte déclarée, le fonds d’indemnisation ne lui avait versé que 3 000 €.

Dans les pentes des mornes, la mécanisation est quasi-impossible. José emploie trois salariés permanents et des extras pendant les périodes de récolte, où il faut pouvoir ramasser et conditionner 250 à 300 cartons de 18,5 kg par semaine. « Nos salariés bénéficient du chômage partiel. Ils touchent ainsi intégralement leurs salaires », signale-t-il. Chaque exploitation peut bénéficier d’un certain volume de prise en charge par an. Dans une région où le taux de chômage est supérieur à 20 %, le secteur de la banane reste un gros pourvoyeur d’emplois.

Sensibles aux intempéries, les bananiers sont des « herbes géantes » non assurables. « Si un nouveau cyclone s’abat sur l’île en 2018, il serait impossible de s’en remettre », soupire ce passionné d’agriculture en pensant à ses emprunts. En un peu moins de trente ans, le nombre de planteurs a été divisé par trois pour atteindre 400. Et 20 % d’entre eux produisent 80 % des bananes martiniquaises.