En Bourgogne Franche-Comté, la transmission des exploitations est un enjeu essentiel, en particulier dans les grandes filières d’élevage (hors AOP comté), où le renouvellement est insuffisant. Selon une étude de la chambre régionale d’agriculture, le nombre d’installations (1) a baissé de 26 % entre 1996 et 2014 : de 1 155 par an, il a chuté à 851. Le fait que 30 % des agriculteurs aient 55 ans et plus augure un renouvellement difficile dans les dix prochaines années, avec des agrandissements importants ou de la déprise dans certaines zones.
Dans ce contexte, le syndicat Jeunes Agriculteurs a invité Germain Milet, de l’Institut de l’élevage, à présenter, le 4 décembre à Dijon, les conclusions d’une étude réalisée dans sept pays européens (2) sur la transmission des élevages.
Même si les dispositifs mis en œuvre sont liés à la culture de chaque pays, certaines expériences étrangères peuvent être profitables. Avec la vente de la ferme au repreneur à chaque génération, la France se distingue par un système singulier qui pèse sur les épaules du repreneur. Comment espérer tirer un revenu, quand il faut reprendre un capital d’exploitation estimé, en système allaitant naisseur engraisseur, en moyenne, à 400 000 € par UMO (3), hors foncier.
Dans les pays de culture anglo-saxonne, l’exploitation est considérée comme un outil de production. Elle est plutôt transmise « gracieusement » au repreneur. Avec des nuances selon les pays et des contraintes : en Irlande par exemple, dans un cadre familial, le repreneur doit s’engager à héberger et à prendre soin de ses parents, voire de ses grands-parents.
Déduction fiscale
D’autres mesures, comme le financement par l’État finlandais d’une retraite anticipée pour les agriculteurs entre 56 et 60 ans, ont suscité l’intérêt. Tout comme l’idée d’une déduction fiscale basée sur la valeur économique en cas de transmission de l’exploitation à un jeune. « À partir de 55 ans, l’agriculteur pourrait défiscaliser ses bénéfices, imagine déjà Pierre-Marie Vouillot, jeune producteur de lait à comté dans le Doubs. Une partie de l’argent ainsi économisé pourrait être versée au repreneur et le reste améliorerait la retraite du cédant. »
(1) Toutes confondues, aidées et non aidées.
(2) Irlande, Pays Bas, Allemagne, Finlande, Espagne, Danemark, Royaume-Uni.
(3) Unité de main-d’œuvre.