La question d’une « truffade (1) sans entrecôte », c’est-à-dire d’un monde sans élevage dans un département comptant trois fois plus de bovins que d’habitants (2), a suscité un débat positif et constructif, le 27 novembre au lycée agricole d’Aurillac. La soirée a réuni près de 350 personnes.

Pour Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique à l’Inra, une planète privée d’élevage avec neuf milliards d’individus à nourrir se résume à une utopie non réaliste doublée d’un non-sens agronomique et écologique. Nicole Soulenq, diététicienne à Aurillac, a évoqué, pour sa part, l’importance de la viande dans l’assiette pour son apport de protéines et de fer dans le régime omnivore de l’homme. Deux tiers des Français sont dans les clous, avec une consommation moyenne de 370 g de viande par semaine, alors que la haute autorité de la santé publique recommande 500 g de viande cuite par semaine.

De la concertation

« La question de l’élevage dans une société mise en alerte sur le bien-être animal ne peut être dissociée d’une reprise de la communication par les éleveurs, a déclaré Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine. C’est pourquoi nous avons choisi de travailler en concertation avec les associations environnementales ouvertes au dialogue, comme France Nature Environnement, Green Cross, la Fondation Nicolas Hulot et WWF France. Nous souhaitons que les enjeux sociétaux de l’élevage soient intégrés dans les formations des jeunes dès le collège et, bien sûr, dans les lycées agricoles. »

Ghislain Zuccolo, directeur de l’association de protection des animaux de ferme Welfarm, a témoigné, quant à lui, de l’évolution positive des échanges avec les éleveurs : « Une concertation est préférable à une opposition systématique. Le sujet du transport animal, en particulier sur de longs trajets, compte parmi nos priorités. » Et Bruno Dufayet de souligner : « Ce thème rejoint pour nous, éleveurs, celui d’un repositionnement de l’engraissement en France. »

(1) Truffade : plat cantalien composé de pommes de terre et de tomme fraîche, accompagnant généralement une viande rouge.

(2) 150 000 habitants, 450 000 bovins.