Confrontés à une prédation record, les éleveurs du plateau de Canjuers, dans le Var, se sont constitués en association le 20 juillet dernier. Soixante pour cent des brebis tuées par le loup dans ce département sont localisées sur le site de Canjuers, une zone de pâturage de 31 000 ha propriété de l’armée, soit en moyenne 600 victimes par an au cours des trois dernières années. « Nous avons décidé de nous unir pour faire entendre notre voix auprès des pouvoirs publics et être force de proposition, annonce Nicolas Perrichon, éleveur à Seillans et président de l’association qui regroupe 26 éleveurs. Sans quoi, le pastoralisme pourrait disparaître sur ce territoire. » À cause de l’intensité des attaques, les éleveurs se sont mis à déserter la zone. Selon le Centre d’études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée (Cerpam), 40 % de ce milieu est à ce jour abandonné. L’absence d’entretien permet au loup de proliférer et accroît, en outre, les risques de propagation d’incendie dans un département où plus de 3 200 hectares ont été détruits par le feu cet été.
Dans leur combat, les éleveurs ont rallié les collectivités locales, ainsi que les organisations professionnelles (chambre d’agriculture, Cerpam, Fédération des chasseurs). Elles sont membres de l’association qui compte ainsi trois collèges : éleveurs, collectivités et organisations professionnelles. « Nous avons, d’ores et déjà, rencontré le commandant du camp de Canjuers à qui nous avons fait part de notre projet, indique Nicolas Perrichon. Prochainement, nous allons adresser une demande de rendez-vous au ministère de l’Écologie. »
Plan d’action de 3 ans
L’association a voté un plan d’action de trois ans. Parmi les objectifs, figurent la réouverture des milieux et la réalisation d’équipements pastoraux : coupe de bois, pose de parc ou encore installation de bergerie allégée. « Nous voulons également organiser un meilleur suivi de la population de loup en mettant en place un réseau avec les chasseurs, précise Nicolas Perrichon. Ce dispositif nous permettra d’informer, en temps réel, les éleveurs sur la présence et le comportement des loups vis-à-vis des troupeaux, mais aussi des attaques, via des SMS ou des alertes par mail. » Les éleveurs proposent aussi que les prélèvements soient mieux ciblés qu’à l’heure actuelle. « Il faut intervenir sur les individus les plus menaçants, commente le président de l’association. Pour ce faire, il faut renforcer les moyens de surveillance en disposant par exemple d’un détachement permanent de la brigade loup du département à Canjuers. » Les éleveurs vont présenter ce plan au ministère de l’Écologie avec l’espoir de faire partie en 2017-2018 des zones de test prévues par le nouveau plan loup.