Dans les quatre prochaines années, 70 % des matières actives utilisées en production de semences vont être révisées. Pour les multiplicateurs, ces révisions d’homologation sont une épée de Damoclès. Peu d’homologations de produits phytosanitaires sont accordées pour ces productions orphelines et le nombre des produits autorisés s’amenuise d’années en années.

Expérimentations

Michaël Brûlé, agriculteur à Berry-Bouy (Cher) cultive 260 ha, dont 70 ha de semences. Il déplore la perte de fongicides pour les semences potagères. « Cette année, nous avons perdu le Rovral Aqua Flo (iprodione), un antibotritis utile à plusieurs espèces. Pour l’été 2017, l’emploi du Spyrale (diféno­conazole et fenpropidine) sera restreint sur les betteraves porte-graines (1). On l’a appris cet hiver alors que nos stocks sont pleins. Le Reglone 2 (diquat), un dessiccant (élimination de l’eau) est en cours d’évaluation. Il n’est pas encore interdit, mais il possède des critères d’exclusion. Il est très utilisé en porte-graines fourragères, potagères, sur betteraves et pomme de terre. » Ce qui ennuie les multiplicateurs, ce n’est pas tant la suppression de certains produits, mais leur non-substitution. La Fnams (2) tente d’anticiper la disparition de ces produits, comme l’explique Agathe Joffre, l’animatrice de la région Centre. « Des expérimentations sont en cours avec des produits de biocontrôle et de la mécanisation, mais elles n’ont pas encore abouti pour un grand nombre espèces. »

Il y a quelques années, Michaël Brûlé a investi en Cuma, avec deux autres exploitants, dans une andaineuse un peu bricolée, pour supprimer la dessiccation chimique. Au total, 350 ha de porte-graines de betteraves sont andainés chaque année. « Cette solution fonctionne plutôt bien en année sèche, avec des “cultures debout”, reconnaît l’agriculteur. Mais comment faire lors des années humides ou avec des cultures au ras du sol, comme le trèfle, où les investissements en machine sont difficiles à amortir ? La mécanique peut aider sur le désherbage, mais il y a un gros souci pour la substitution des fongicides et des insecticides. En outre, le coût de la main-d’œuvre en France est prohibitif par rapport à nos concurrents européens. »

(1) Par rapport à la limite du stade d’application . (2) Fédération nationale des multiplicateurs de semences.