Le mal-être des agriculteurs vient d’être ausculté lors d’une enquête régionale sur les conditions de travail, en mesurant deux indicateurs de santé psychologique pouvant conduire au suicide : le burn-out (1) et la dépression. La MSA de Franche-Comté a conduit cette étude en partenariat avec les universitaires, en vue de faire évoluer l’accompagnement de ces problématiques. L’épuisement émotionnel engendré par des exigences professionnelles trop fortes « est élevé en comparaison à d’autres groupes professionnels », a souligné Didier Truchot, professeur de psychologie sociale à l’université de Franche-Comté, en présentant les résultats, le 20 mars. Près d’un exploitant sur six connaît un degré de désespoir élevé.
Le soutien des collègues
Les risques de burn-out et de désespoir « sont plus élevés chez les femmes, chez ceux et celles vivant seul(e)s, les personnes à faibles revenus », a poursuivi Didier Truchot. Concernant l’environnement de travail, les risques s’avèrent moins élevés chez ceux « dont le conjoint travaille hors de l’exploitation, ceux qui ont une production bio, sont élus (associatif, municipal, syndical…), adhèrent à une coopérative, une Cuma, un Ceta… L’engagement social constitue un facteur de bien-être au travail. » Vis-à-vis des éléments « stresseurs » (lire encadré), l’effet modérateur du soutien social est décisif. Le soutien familial et, plus encore, celui des collègues diminuent le risque de burn-out et de désespoir.
Au regard du type de production, les éleveurs sont les plus concernés par le problème : ceux de bovins à viande présentent le risque de désespoir le plus élevé. Ils sont suivis de près par les producteurs de lait vendant à un industriel. Puis, viennent les céréales et la polyculture.
(1) Syndrome d’épuisement lié au travail.