Comment imaginer qu’un sujet d’apparence badine au début soit devenu une cause inter­nationale à triple reten­tis­sement : écologique, écono­mique et de santé publique ? Tout simplement parce que les plantes dites invasives, souvent introduites de manière fortuite là où elles se développent maintenant sans vergogne, ont engagé l’Homme dans une course de vitesse pour les détruire, ou tout au moins les maîtriser.

Selon une étude du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), le cap des 1 000 milliards de dollars de préjudices divers aurait été largement franchi à l’échelle mondiale. Dans l’Union euro­péenne, 66 espèces « préoccupantes » ont été recensées. En France, pour la seule ambroisie à feuilles d’armoise, en pointe des préoccupations du fait des réactions allergiques potentiellement graves qu’elle déclenche, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environ­nement et du travail (Anses) évalue entre 59 et 186 millions d’euros le montant de la prise en charge médicale nécessaire. Une fourchette certes large, mais qui donne une bonne idée de l’ampleur d’un phénomène toujours sur sa lancée.

Malgré les règlements édictés et les mes­sages d’informations diffusés, la lutte s’avère en effet délicate et la coordination fragile (lire À la Une, p. 14). À tel point que des experts avertissent qu’il faudra peut-être apprendre à vivre avec ces plantes indési­rables… Que certains jardiniers amateurs pensaient pourtant innocentes.

Si les agriculteurs savent bien ce que repré­sente un champ de tournesol envahi par l’ambroisie, la prise de conscience auprès des particuliers n’est pas encore à la hauteur du problème. Or, par définition, les plantes invasives se jouent des frontières de pays, de régions… et de propriétés ! De même, elles trouvent un terrain de prédilection pour se développer dans des espaces publics moins entre­tenus qu’avant, comme les bords de routes, ou soumis à des li­mites drastiques dans l’utili­sation de traitements. Le choix de molé­cules étant devenu plus restreint par ailleurs.

De quoi rendre les stratégies d’éradication complexes et coûteuses, pour une effica­cité somme toute aléatoire. Le cas de la renouée du Japon en fournit une bonne illustration. Face au cycle végétatif souvent « malin » de ces plantes invasives, il est temps de passer de l’information pédagogique à la for­mation pratico-pratique ordonnée. Ne serait-ce que pour diffuser les méthodes de lutte les plus effi­caces connues à ce jour.