Le chiffre est rarement évoqué dans les débats relatifs au changement climatique. C’est pourtant un fait : la France compte pour 1,2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Seulement. Un résultat vertueux et une singularité qui tiennent en partie à ses choix énergétiques, en l’occurrence au nucléaire. Notre pays aura beau démultiplier ses efforts, ils seront sans effet sur le bilan global et sur l’objectif de contenir l’élévation de température si les émetteurs pachydermes que sont la Chine (+ 4,7 % de CO2 en 2018), les États-Unis (+ 2,5 %), et l’Inde (+ 6,5 %) n’évoluent pas sensiblement. La sentence est sans doute désespérante mais elle est sans appel. Ce sont d’abord ces pays qui détiennent les clés du défi planétaire. Mieux vaut en être conscient car en la matière, nous, Français, ne sommes pas maîtres de notre destin.

Mettre ce chiffre en lumière, ce n’est pas renoncer par rapport à une affaire sérieuse (l’agriculture est bien placée pour le savoir puisqu’on en voit déjà certains effets, notamment avec les dates de vendange). C’est plutôt agir en connaissance de cause et ne pas se bercer d’illusions sur le résultat. C’est aussi relativiser certaines initiatives actuelles qui ont tendance à prendre les citoyens pour des gogos et à les instrumentaliser. À l’instar de ce recours en justice (précédé d’une pétition) qui a été déposé le 14 mars par quatre associations environnementales contre l’État français pour « inaction climatique » ! C’est quand même un peu « fort de café » vis-à-vis du premier de la classe des pays développés ! D’autant plus que deux des responsables de ces ONG, en l’occurrence les ex-ministres Cécile Duflot (pour Oxfam France) ainsi que Nicolas Hulot (pour la fondation éponyme) ont été « aux affaires » il y a peu… Ne se seraient-elles pas trompées de cible ? En tout cas, elles feraient bien d’arrêter avec cette culpabilisation outrancière.

Ceci étant dit, bien sûr qu’il faut poursuivre les efforts en matière de réduction des émissions de GES. Le bon sens le commande. En la matière, l’agriculture est plus une solution qu’un problème. Et il n’y a pas pour cela que le levier des énergies renouvelables. Les terres pourraient, dit-on, contribuer de 20 à 60 % au potentiel d’atténuation des émissions de GES d’ici à 2030. De par leur faculté à stocker le carbone. Via les forêts et les prairies, certes, mais aussi via les couverts végétaux, a fortiori dans le cadre de l’agriculture de conservation. Probablement sous-estime-t-on leur propension à capter le CO2. Nos scientifiques feraient bien de faire toute la lumière sur ce point crucial, derrière lequel pourrait se greffer le paiement de services environnementaux si les choses sont bien établies…