En Aveyron, comme ailleurs, on ne fait plus un repas de famille ou entre amis sans que la question des conditions d’élevage soit mise sur la table. En 2016-2017, à chacune des trois cents réunions syndicales organisées par la FDSEA, la question des attaques anti-élevage a été soulevée. Des inséminateurs ont été filmés et traités de violeurs de vaches sur YouTube. Un éleveur de porcs a été obligé de changer son enfant d’école car son institutrice écologiste militait contre son exploitation. « On en a marre d’entendre que les agriculteurs sont nuls, on est trop souvent montrés du doigt, s’indigne Germain Albespy, éleveur ovin et co-responsable du groupe COSE ! Pourtant, les consommateurs cherchent le contact avec l’agriculteur, on le voit bien quand on les accueille dans nos fermes. » « Les responsables professionnels agricoles du département ont bien conscience qu’un fossé se creuse avec les consommateurs et avec leurs voisins, ajoute Joël Mazars, éleveur caprin, également responsable de COSE ! Et l’on note aussi une méconnaissance des agriculteurs face aux nouvelles demandes de la société. »

Un mouvement collectif

Partant de ces constats, FDSEA et JA ont proposé au CAF aveyronnais (CER France, chambre d’agriculture, Crédit agricole, fédération des coops, Groupama et le semencier RAGT) de prendre le sujet à bras-le-corps. En janvier 2017 est né le groupe COSE ! pour travailler « contre les oppositions sociétales à l’élevage » et les comprendre. Un appel auquel toute la profession a répondu présent. Trente-trois organisations professionnelles agricoles et soixante-quinze agriculteurs ou collaborateurs (vétérinaires, inséminateurs…) participent aux huit cellules d’action mises en place. L’une gère les situations de crise et prépare les agriculteurs par du média training. Une autre opère une veille sur les sujets sensibles, une troisième regroupe des experts du bien-être animal. Les réseaux sociaux sont aussi au cœur du sujet et un spécialiste en communication d’influence sera sollicité pour travailler sur des messages positifs. « Les agriculteurs sont les mieux placés pour parler d’eux. Ils doivent prendre la parole de façon individuelle, en utilisant les mêmes outils que leurs détracteurs », estime Germain Albespy.

L’objectif de COSE ! est également de pouvoir siéger dans les instances décisionnelles comme les parcs naturels ou les chambres de commerce. « L’Aveyron a bien avancé sur la façon dont nous allons devoir parler de nos animaux. Ses agriculteurs sont pro-actifs et leur démarche collective multipartenaires est très positive », s’est félicitée Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, lors d’une rencontre sur le sujet, le 23 mars. Une démarche positive pour sortir de « l’entre-soi ».