Quelque 11 000 pages d’un rapport, que doit rendre public en septembre l’Efsa (l’Autorité européenne de sécurité des aliments), parviendront-elles à renverser le cours des choses concernant le sort du glyphosate pour l’après-2022 ? Le contenu de ce rapport (de poids !), fruit de la collaboration des agences sanitaires de quatre pays, dont l’Anses pour la France, vient d’être dévoilé. En synthèse, il indique que, dans des conditions normales d’utilisation, le produit n’est ni cancérigène, ni mutagène, ni reprotoxique. Il contredit donc, en ce sens, l’avis du Circ (Centre international de recherche sur le cancer) qui avait classé le glyphosate comme « cancérigène probable » en 2015, déclenchant moult débats politico-réglementaires et rixes juridiques.

Non content d’avoir déchaîné les passions et d’avoir laissé pour compte, au moins dans un premier temps, les conséquences d’une interdiction du produit sur les pratiques agricoles, le sujet revient sur le devant de la scène. Une nouvelle échéance se rapproche à grand pas. Celle à travers laquelle les États membres vont devoir à nouveau trancher : autoriser ou pas le glyphosate. En toute logique, ils devraient prendre en compte l’avis des agences officielles missionnées pour apporter des éléments de décision tangibles.

Cependant, en fond de cour, on sait les politiques rarement hermétiques aux voix de l’opinion publique et à certains chantages électoralistes.

D’où le caractère très emblématique du sujet, bien au-delà du cas de ce produit.

Un peu comme pour les questions récentes tournant autour des mesures pour lutter contre la Covid-19, dont la vaccination, le rôle de la science dans les choix politiques sera mis à l’épreuve. La France, qui, dans le concert européen, avait une position, plutôt en pointe pour s’engager dans la suppression du glyphosate, mettra-t-elle résolument de l’eau dans son vin ?

Déjà, en décembre dernier, le rapport d’une mission parlementaire conditionnait l’interdiction effective du glyphosate, au fait de pouvoir disposer d’alternatives non chimiques efficientes. Ce qui est encore loin d’être évident pour nombre de productions concernées. Pour les grandes cultures, en particulier, le retour au tout-labour n’est pas vraiment dans l’air du temps.

Le prochain président de la République a déjà un beau cas d’école en perspective sur la manière d’utiliser ses moyens d’arbitrage !