Ceux qui croyaient lire ici et sous ce titre un sujet sur une polémique ou autre affaire sensible seront peut-être déçus ! Mais le fait, qu’à l’instar d’autres secteurs tels que celui du BTP, l’agriculture emboîte le pas de la « nouvelle révolution électrique » mérite un temps d’arrêt. Au-delà de la demande sociétale qui semble trouver toutes les vertus possibles, et sans doute un peu exagérées, à cette énergie, force est de constater que le mouvement constitue un moteur de recherche et d’innovations technologiques. En soi, il porte aussi un facteur d’optimisme, qui se traduit dans des outils de ferme pouvant être aujourd’hui utilisés couramment.

Avec des engins de puissance raisonnable et des possibilités de recharge plus aisées autour des bâtiments, l’élevage est un des secteurs de prédilection pour mesurer les avancées concrètes en la matière et recueillir les avis éclairés d’utilisateurs au quotidien (lire le dossier, page 46). Pouvoir travailler rapidement sans bruit et sans émission directe, en particulier à l’intérieur des bâtiments, n’est pas le moindre des atouts, tant pour les éleveurs que pour les animaux. Bien sûr, avant de dresser un bilan objectif des avantages et des inconvénients de l’arrivée de la bonne fée électricité au cœur des forces motrices de nos engins agricoles, il faudra faire preuve de circonspection à moyen et long terme. Et ne rien oublier dans la balance !

Comme pour les moyens de transport « grand public » (autos, cycles…), le nerf de la guerre réside dans l’autonomie des batteries et leur temps de recharge, leur poids et leur taille étant des éléments induits de leur performance globale. Les efforts des constructeurs pour alléger surpoids et surcoût vont donc bon train. Dans le même temps, certaines fonctionnalités des outils sont adaptées, car il ne s’agit pas seulement d’une simple transposition énergétique de force motrice. Ainsi, la baisse relative des prix d’achat et la robustesse croissante des engins devraient accentuer l’intérêt économique du passage à l’énergie électrique.

Reste une question cruciale pour laquelle notre société doit ouvrir grand ses yeux et ne pas jouer l’autruche. C’est celle de la dépendance : dépendance en matière de fabrication de batteries et dépendance vis-à-vis du nucléaire, qui représente 70 % de la production électrique française.

La volonté industrielle et énergétique doit pouvoir composer avec la politique agricole. En tant que fournisseur d’énergie renouvelable, l’agriculture dispose encore d’un potentiel consistant, qui ne demande qu’à être exploité.