Coincés par tous les bouts ! Le dossier de la jaunisse sur betterave est une parfaite illustration du sabordage en cours de l’agriculture conventionnelle en la privant de moyens de production essentiels. En cause, un attelage infernal réunissant des responsables politiques gouvernant au seul son de l’opinion, des associations sectaires et manipulatrices, et des médias champions de l’enquête à charge quand ils traitent d’agriculture.

Il aura donc fallu des dégâts carabinés dans les champs de betteraves et que l’avenir à très court terme de toute une filière soit menacé pour que le pouvoir politique consente – momentanément – à sortir de son idéologie anti-pesticides (lire en page 17). Ironie du sort, c’est la transfuge d’EELV, Barbara Pompili – désormais ministre de la Transition écologique et qui avait enclenché le bannissement des néonicotinoïdes – qui est obligée de manger son chapeau en avalant un arbitrage gouvernemental en faveur de son collègue à l’Agriculture.

D’alternative à ce traitement des graines, il n’en existe pas et les insecticides en végétation ont clairement montré leurs limites face à une pression intense de pucerons. Les faits sont têtus et, à l’arrivée, les créanciers des agriculteurs ne se paient pas de belles paroles à la suite d’expérimentations politiques hasardeuses…

De phare autoproclamé pour l’Europe entière avec sa rhétorique de sortie des phytos à tous crins, la France en est finalement la risée et le dindon de la farce… Douze autres états-membres, producteurs de betteraves, ont vu le coup venir et demandé une dérogation à l’UE pour continuer à utiliser les néonicotinoïdes ! Rappelons que les pollinisateurs ne vont pas butiner cette culture (qui ne fleurit pas la première année) et que l’on peut envisager ensuite de l’assoler avec d’autres cultures non mellifères. En attendant, combien aura coûté à la ferme France cette mésaventure ?

Malheureusement, les dossiers de cet acabit sont légion chez nous, depuis plus d’une décennie. Comment ne pas évoquer à ce stade le tweet impulsif du président Macron, qui aura lancé l’imbroglio de l’interdiction du glyphosate et empêtré tout un secteur, ou l’invraisemblable feuilleton du stockage de l’eau à l’heure d’une énième sécheresse ? À force de se payer la tête des porteurs de projets de réserves et de jouer l’usure administrative, un jour « oui », un jour « non », sur injonction venue de Paris, certains ont passé outre et se retrouvent condamnés au pénal. Cette idéologie est d’autant plus folle que l’eau a coulé en abondance pendant de nombreux mois cet hiver et qu’il aurait été judicieux d’en retenir une petite partie. Va-t-on ouvrir les yeux avant qu’il ne soit trop tard ?