«Allez hop ! Tout l’monde à la campagne », dit la chanson (1). Alors, après l’exode rural, l’exode urbain ? N’exagérons pas ! Si pour les citadins, le confinement a été un révélateur des limites de leur mode de vie, tous ne vont pas pour autant quitter la ville. Même si explique la chanson : « Dans l’autobus et dans le train, on est serrés comme des lapins, c’est pas marrant ce truc-là. » Reste qu’ils sont de plus en plus nombreux à afficher leur intention de quitter la capitale ou les métropoles. Vie plus paisible dans une petite ville ou, carrément, bureau avec vue directe sur les champs comme les paysans : pour connaître l’ampleur du passage à l’acte, il faudra patienter. Néanmoins, la pratique massive du télétravail a changé la donne : nombre de personnes ont constaté qu’avec une bonne connexion internet, on pouvait accomplir les mêmes tâches à distance, y compris tenir des réunions.
Raison de plus pour que le gouvernement, qui a placé le numérique parmi les mesures phare de son « Agenda rural », mette le paquet dans ce domaine afin de résorber les disparités entre les territoires, tant pour la connexion internet que la téléphonie mobile. Un déploiement numérique vital pour les entreprises et le développement local, mais aussi l’accès aux services. Le gouvernement a d’ailleurs indiqué, lors du dernier comité interministériel aux ruralités en février dernier, que 80 % des 534 premières structures France Service étaient situées en zone rurale. Celles-ci ont pour mission d’aider les personnes dans leurs démarches administratives du quotidien, l’objectif étant d’en avoir une par canton en 2022. La crise sanitaire a également montré que l’accès aux soins en milieu rural reste primordial, l’État ayant annoncé dans ce domaine le déploiement de médecins salariés et la création de postes d’assistants médicaux. Quant à l’initiative « 1 000 cafés », mesure emblématique de l’Agenda rural qui vise à revitaliser des communes, elle devrait donner lieu cette année à l’ouverture d’une vingtaine de commerces. Des bars-restaurants-épiceries dont l’activité a été largement affectée par la crise, tout comme celle des autres PME.
L’association des maires ruraux, à l’origine de la demande de cet Agenda rural, juge cependant ses 181 mesures trop longues à mettre en place et réclame leur hiérarchisation. Après plusieurs plans gouvernementaux, les ruraux attendent encore des améliorations dans leur quotidien, gages de mieux vivre et propices à attirer de nouveaux habitants, mais aussi des entreprises. Car le télétravail ne suffira pas à créer de l’activité et des emplois dans les campagnes.
(1) Interprétée par Charlotte Julian.