Des débouchés alimentaires désorganisés ! Telle est l’une des conséquences de la pandémie de coronavirus, des mesures prises pour y faire face, mais aussi des comportements des consommateurs. Tout cela a un impact sur les producteurs. Sans nul doute, les horticulteurs, qui ne peuvent plus vendre leurs plantes, sont parmi les plus touchés. Mais que ce soit en viande, produits laitiers ou légumes, la fermeture des restaurants et des cantines en prive d’autres d’une bonne partie de leurs créneaux habituels. Et trouver de nouveaux débouchés est compliqué dans le contexte actuel.
Les témoignages le confirment. Sans parler des marchés de plein vent qui n’ont pas tous eu l’autorisation administrative de rouvrir. Pour écouler leurs productions, les agriculteurs font appel au système D, drive et livraison à domicile étant parfois des solutions. Mais une partie des marchandises ne trouve pas d’acheteurs, avec des conséquences sur la trésorerie des exploitations (lire en page 12). Fruits et légumes de saison, agneaux de Pâques, chevreaux, volailles, AOP laitières… : un peu partout, les cris d’alarme se sont multipliés. Les échanges internationaux sont également perturbés. Alors qu’en viande bovine le stockage par congélation est envisagé, l’interprofession laitière a lancé un plan d’aide temporaire de 10 millions d’euros pour réduire la collecte sur avril.
La situation risque de s’accentuer dans certains secteurs. Aussi, la Commission européenne doit-elle mettre en place des dispositifs tels que l’aide au stockage des produits ne trouvant pas preneurs et limiter ainsi les conséquences sur les marchés et les prix. Tout doit être mis en œuvre pour soutenir les producteurs, comme l’ont demandé certains ministres de l’Agriculture, eurodéputés ou syndicats. Des outils de gestion de crise existent, même s’ils ne sont pas toujours adaptés. Pour le think-tank Farm Europe, l’UE doit créer rapidement une réserve de crise de plus de 400 millions d’euros avec des règles permettant à la Commission d’intervenir au plus vite pour redresser les marchés, par exemple en réduisant l’offre et en indemnisant les agriculteurs pour la perte de production. La présidente de la Commission européenne n’a-t-elle pas indiqué qu’elle allait proposer un nouveau projet de budget pluriannuel pour faire face aux conséquences de l’épidémie de coronavirus ? C’est donc le moment d’agir. Car si l’on estime que l’alimentation et l’agriculture sont des secteurs stratégiques, il faut mettre les moyens pour préserver les producteurs. À l’instar des États-Unis qui interviennent pour aider les farmers avec des programmes se chiffrant en milliards de dollars.