«La mairie est une vraie PME » : cette déclaration d’un agriculteur, maire d’une commune rurale, résume bien des choses. « Je dois à la fois être juriste, agent de voirie, psychologue, agent immobilier et j’en passe », explique un autre. Quant à Bruno Pomart, ancien policier du Raid et maire d’une petite commune de l’Aude, le titre de sa tribune publiée fin novembre est explicite : « Maire d’une commune rurale : le plus beau des mandats, mais aussi le pire des sacerdoces. »

Une fonction passionnante mais également prenante, comme en témoigne dans notre dossier (page 42) l’article « 24 heures dans la vie d’un maire agriculteur ». L’élu en question, Jean-Luc Gouyette, se représentera pourtant aux élections des 15 et 22 mars prochains. Ce qui n’est pas le cas de tous.

Car parmi les maires, ceux des petites communes sont les plus hésitants à se lancer de nouveau. Au-delà de l’influence du mandat sur leur vie privée, certains maires ruraux sont las de devoir se débrouiller seul sans l’aide d’un personnel suffisamment qualifié sur des dossiers parfois complexes, et face à une administration qui ne facilite pas toujours la tâche, avec des normes croissantes et des dotations en baisse. Lassés aussi des exigences de certains administrés pas toujours reconnaissants et qui se comportent surtout en consommateurs. Et ce ne sont pas les indemnités d’élus, que l’État a consenti à revaloriser pour les petites communes, qui peuvent être le moteur principal pour s’investir dans la vie locale.

Pourtant, certains gardent la foi et se représentent, comme la plupart des maires rencontrés pour notre dossier. Ce qui est fondamental car les maires, au contact quotidien de leurs administrés, sont un des piliers de la République et de la démocratie. Parmi les élus de la nation, c’est d’ailleurs en eux que les citoyens ont le plus confiance, un chiffre d’autant plus élevé que la commune est petite.

Un maire sur cinq est agriculteur ou retraité agricole, notamment dans les zones rurales considérées comme « éloignées ». Mais au-delà des maires, la présence d’agriculteurs dans les conseils municipaux est également importante, en particulier dans les communes plus proches des zones urbaines, qui font face à l’arrivée de nouveaux habitants pas toujours au fait des réalités agricoles. Car les questions de foncier, mais aussi l’activité agricole - parfois considérée comme une nuisance par des concitoyens ne voulant pas être dérangés - peuvent faire l’objet de vifs débats, voire de conflits. Mieux vaut alors nourrir le dialogue avec des élus connaisseurs du sujet et aux aguets des dérives potentielles.