C’est peu dire que le très controversé projet d’arrêté instaurant des zones non traitées (ZNT) à proximité des habitations génère une foule d’interrogations. Questions qui ont été passablement occultées par les médias grand public et qui, à l’heure actuelle, demeurent souvent sans réponse… (lire pages 14 à 16). Que de surenchère et de démagogie aura-t-on entendues chez les politiciens et les associations ! 100 m par-ci, 150 m par-là, pourquoi se gêner dès lors qu’il s’agit de l’outil de travail d’autrui et que l’on n’est pas comptable de ses inconséquences ? La consultation publique en cours promet d’ailleurs d’en rajouter une couche vis-à-vis d’un sujet à tiroirs, plus complexe qu’il n’y paraît. Et qui devrait d’abord être guidé par la science au lieu d’être préempté par l’émotion (EELV a préparé des « argumentaires en kit » prêts à être postés sur le site de consultation gouvernemental !)

Dans ce qu’il faut bien appeler les angles morts du débat, figurent notamment les aspects fonciers : quel avenir pour ces nouveaux no man’s land qui vont miter encore un peu plus le territoire ? Quelles compensations pour la perte économique engendrée et la valeur des terres concernées ? Quid de leur entretien, de leur imposition ? Quelle éligibilité à la Pac, etc. Sans oublier un gros « plat de résistance » : la politique d’urbanisme des collectivités locales qui va forcément être impactée et sur laquelle il va falloir absolument plaquer cette nouvelle donne. Déjà, et en toute bonne logique, des voix s’élèvent pour dire à l’attention des promoteurs de lotissements et autres aménageurs que le no man’s land ce sera à eux de le prévoir sur leurs terrains, eux qui viennent se planter au contact direct des champs… C’est certain, les juristes et le législateur vont avoir du grain à moudre tant on ouvre là une boîte de Pandore.

Visiblement, le gouvernement a choisi de ne traiter que la demande sociétale, en oubliant tout le reste du sujet… C’est particulièrement flagrant lorsqu’on se réfère à la date de mise en œuvre prévue : le 1er janvier 2020, autrement dit demain… Tant pis pour les colzas en place et les interventions qui ne pourront plus être faites sur les parties concernées. Tant pis pour l’incertitude que cela crée chez les agriculteurs vis-à-vis des assolements déjà constitués, des intrants déjà achetés, des semis qui vont démarrer. Un vrai travail d’amateurs…

Une fois de plus, et contrairement aux promesses, les pouvoirs publics placent l’agriculture française en situation de distorsion de concurrence défavorable. Quand est-ce que cela va s’arrêter ?