«C’est une victoire immense » pour les éleveurs américains, a claméDonald Trump le 2 août, avec toute la nuance qu’on lui connaît, estimant par ailleurs que « le bœuf américain était le meilleur du monde ».

L’hôte de la Maison Blanche s’exprimait pour saluer la signature d’un accord avec l’Union européenne prévoyant l’augmentation de la part des États-Unis, au détriment d’autres pays exportateurs, dans le contingent global de bœuf sans hormones.

À d’autres moments chantre du protectionnisme, Donald Trump n’en est donc pas à une contradiction près, pour peu qu’elle flatte son électorat.

En réalité, ce dernier accord en date vise surtout à mettre fin à un ancien différend porté à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et il ne modifie en rien le volume total pouvant entrer dans l’UE. Mais il contribue à agiter un peu plus des secteurs comme celui de la viande bovine, soumis ces derniers temps à l’ascenseur émotionnel au gré des accords avec le Canada (CETA) ou des pays d’Amérique du Sud (Mercosur).

Certes, le pire, en l’occurrence l’invasion tous azimuts de viande, n’est jamais sûr.

Mais, cette profusion d’engagements commerciaux donne le sentiment d’une ouverture accélérée des vannes et pose la question de leur suivi. Un suivi de nature réglementaire et sanitaire vu les critères que l’Union européenne, et en particulier la France, impose à ses producteurs. C’est justement la situation interne à l’UE, avec quelques affaires frauduleuses retentissantes repérées plus ou moins tardivement, qui sème le doute sur la capacité des services de la répression des fraudes ou de l’inspection vétérinaire à détecter les manquements. D’autant que les coupes budgétaires affectent aussi ces services.

En clair, comment l’Europe pourra-t-elle garantir, en provenance croissante de pays tiers, les critères et conditions qu’elle peine déjà à assurer en son sein ? Au-delà des contingents prévus dans ces accords, dont on n’est pas encore capable d’analyser avec certitude la nuisibilité éventuelle, ce sont les procédures imaginées qui posent un problème de fond : des tribunaux supranationaux d’arbitrage auront, en effet, à traiter les différends réglementaires pouvant opposer des multinationales à un État ou groupe d’États. Ce qui laisse redouter que les aspects sociaux ou de qualité intrinsèque des produits ne pèsent pas très lourd. Et alimenter du même coup le rejet sans discernement de la libéralisation des échanges.