«Au ras des pâquerettes », c’est pour l’instant le qualificatif que l’on pourrait employer pour décrire la campagne 2 019 des élections européennes ! La faute à un travers déjà observé lors des précédents scrutins, les vrais enjeux étant laissés de côté, voire détournés à des fins de politique intérieure. Dommage car nous sommes pourtant à un moment charnière de l’histoire européenne, l’Union étant carrément menacée de délitement et son fonctionnement étant sévèrement critiqué (à juste titre d’ailleurs). Observons toutefois que les turpitudes du rocambolesque feuilleton du Brexit ont douché les ardeurs de ceux qui étaient tentés par des solutions de repli national. Malgré les imperfections de l’UE, comment dans un monde aussi globalisé et dominé par des géants comme la Chine et les États-Unis, peut-on s’imaginer un avenir en dehors du bloc Europe ?
Les agriculteurs britanniques se mordent déjà les doigts de la décision prise par leur pays, et ils vont voir leurs soutiens fondre comme neige au soleil une fois sortis de L’UE.
Alors que la campagne se déroule sous le signe du désamour, et que l’on nous promet une abstention record en France, les agriculteurs ne doivent pas oublier (entre autres prérogatives) que la Pac est co-décidée par le Parlement européen, et que ce dernier vote le budget pluriannuel. D’où l’importance de se prononcer le 26 mai prochain sur les représentants qui vont être envoyés là-bas.
À une dizaine de jours du scrutin, il est vrai aussi que les sujets agricoles n’apparaissent pas forcément au premier plan des préoccupations affichées par les listes, ce qui est quand même étonnant vis-à-vis d’un secteur qui absorbe près de 40 % du budget total. Dans ce numéro, nous tentons d’y voir un peu plus clair (lire page 15). À côté des positionnements sur la Pac et le fléchage des aides, fleurissent des orientations sociétales marquées : sortie des pesticides et interdiction de l’« épouvantail » glyphosate, localisme, etc. Curieusement, leur formulation laisse souvent penser que la France sera suffisamment forte pour imposer ses vues aux autres pays !
C’est bien mal connaître le fonctionnement du Parlement européen où aucun groupe n’a la majorité à lui tout seul, où il faut constituer des alliances et négocier constamment des compromis. Suivant les sujets, « La gauche de la gauche peut voter avec les conservateurs », lâchait dernièrement à Paris Match, José Bové, après deux mandats au compteur, et qui ne rempile pas…