Si l’Ukraine, qui tambourine à la porte de l’Union européenne, ne parvient pas encore à entrevoir l’ouverture, elle ne s’en donne pas moins les moyens d’accélérer ses mutations. Depuis des années, on disait de ce pays qu’il avait un énorme potentiel agricole, mais qu’il était encore gêné par les stigmates de son passé soviétique et la difficulté de maîtriser les aléas climatiques. Il est vrai que les rendements variaient avec de fortes amplitudes, au bon vouloir de Dame Nature. Et quand les cieux se montraient cléments, encore fallait-il pouvoir stocker et acheminer la marchandise à bon port.
Bref, l’Ukraine était encore reléguée à un rôle de « trublion » sur les marchés céréaliers.
Tout cela semble une époque en grande partie révolue (lire notre dossier en page 42).
Faisant fi des péripéties géopolitiques avec son voisin russe, en particulier à travers « l’annexion » de la Crimée, le différend sur l’industrieuse Donbass ou encore la question des pipelines de gaz, le pays aux sols noirs a su attirer et concentrer les moyens pour booster son agriculture. Qu’il s’agisse de capitaux financiers à proprement parler ou d’investissements en infrastructures et en équipements, les bases d’une progression régulière des productions végétales sont confortées. Certes, il reste encore des anicroches à cette courbe ascendante. Mais l’Ukraine s’est installée sur les marchés, et même sur nos marchés, avec un potentiel céréalier estimé à 100 millions de tonnes dans dix ans. Bénéficiant d’une situation centrale privilégiée, ses exportations pourraient ainsi doubler !
La qualité de ses productions, elle-même, est de plus en plus au rendez-vous.
Si la peur est mauvaise conseillère, il faut admettre que ce concurrent joue maintenant en première division. Comme en témoigne la cotation du blé à Odessa, devenue une référence. Car à l’échelle de l’Ukraine, tous les mouvements comptent. Sans oublier le bio, pour lequel le pays est en train de devenir l’acteur majeur à nos portes.