Dans le domaine de l’expertise scientifique, de plus en plus de voix s’élèvent pour que les conflits d’intérêts non financiers (idéologique, militant, religieux, etc.) jusqu’à présent négligés, soient aussi pris en compte.
C’est le cas notamment du prestigieux groupe d’édition Nature qui souhaite aller dans ce sens. La question est bien sûr délicate à traiter mais quelques « affaires » récentes dans notre secteur devraient nous alerter et nous rendre moins naïfs. Était-il légitime, par exemple, que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), dans son examen du glyphosate, fasse appel en tant qu’« invité spécial » et pour seule personne externe au groupe d’investigation, à un expert connu pour collaborer régulièrement avec une ONG notoirement anti-pesticides (en l’occurrence l’Environmental Defense Fund) ? Aussi compétent soit-il, le Dr Christopher Portier n’aurait-il pas dû être récusé pour ne pas engendrer de suspicion ?
Et si le CIRC se défend depuis qu’il a pu influer en quoi que ce soit sur le verdict, que venait-il faire là alors ? Il est encore plus étonnant de l’avoir vu se faire auditionner le 7 juin au Parlement européen dans le cadre de la commission PEST et faire quasiment la leçon aux directeurs des agences européennes EFSA (sécurité sanitaire des aliments) et ECHA (produits chimiques) sur leurs façons de travailler !
Suite à une question de l’eurodéputée Angélique Delahaye, on aura eu la confirmation, de sa bouche, de ses 160 000 dollars d’émoluments au titre de sa collaboration avec un cabinet d’avocats d’affaires défendant des plaignants contre le glyphosate. Un mélange des genres douteux entre business et science qui en fait un autre sujet de controverse le concernant.
Que pensez aussi de l’affaire Séralini, de son « étude » de piètre qualité qui en 2012 a affolé la France entière avec ses tumeurs de rats nourris aux OGM et qui vient d’être démentie dernièrement de manière cinglante par trois expertises ? La science aura certes parlé au bout du compte, mais au final qu’aura retenu l’opinion publique à ce sujet ?