L’école publique est normalement un sanctuaire où tout prosélytisme, idéologique ou mercantile, est proscrit. En dépit de cette saine tradition, on constate à la lueur d’initiatives récentes que certains ont décidé de s’en affranchir pour y propager leurs vues en matières d’agriculture et d’alimentation.

Le problème n’est pas anodin, puisque les enfants sont les consommateurs et les citoyens de demain et qu’ils sont aussi plus influençables que les adultes. Notre secteur aurait tort de négliger les signaux qui se multiplient. À commencer par l’offensive végane en train de se structurer en direction des élèves. En mars dernier, une conférence prévue au lycée Aragon d’Héricourt (Haute-Saône) avec l’association antiviande L214, a été finalement annulée, après signalement d’un parent et sur intervention du président de la chambre d’agriculture auprès de l’inspection d’académie et du préfet. À l’évidence, L214 testait aussi la résistance… Mais ce n’est qu’un avant-goût de ce qui se profile, puisqu’elle vient de monter une branche « L214 éducation », avec sa petite mallette pédagogique, ses propositions d’animations en classe, ses panneaux d’exposition, etc. En d’autres termes, un « prêt-à-penser » en kit pour faire du bourrage de crânes, sous couvert d’éveil à l’éthique animale. L’Éducation nationale va-t-elle laisser une telle officine franchir le seuil de l’école, celle-ci répétant ouvertement vouloir la fin de l’élevage ? Dans le même temps, observons que l’agrément vient d’être refusé à Interfel pour des ateliers culinaires de diététiciens sensibilisant aux bienfaits des fruits et légumes ! Il y a un an, la FCPE (parents d’élèves) faisait « ami-ami » avec Générations futures, autre association radicale, dans une opération ambiguë « mon jardin au naturel ».

Au travers de ces quelques exemples, il apparaît urgent que le monde agricole interpelle le ministre Blanquer sur les limites des collaborations et des intrusions dans les classes pour les redéfinir.