Quand le résultat d’une expertise scientifique ne convient pas, il est de plus en plus courant de le contester ! Le chef d’accusation est généralement le même : les experts ont été influencés, voire achetés par des lobbys industriels, et le verdict de l’étude a été obtenu dans le cadre d’un conflit d’intérêts. Les ONG sont en pointe pour brandir de telles accusations, souvent relayées par une certaine presse dite « d’investigation », mais qui fait en même temps campagne… Ce constat vaut pour un certain nombre de sujets de l’actualité plus ou moins récente…

Avec le glyphosate, la polémique est d’ailleurs montée d’un cran puisque c’est au tour des agences officielles d’évaluation (Efsa, Echa) d’être maintenant sur le gril. Il faut à l’évidence traiter cette situation, sans quoi nous allons dériver vers une forme de populisme, où la théorie du complot sera omniprésente, avec un primat de l’opinion sur la science.

En cela, la mission sur « l’indépendance et l’objectivité des agences européennes » confiée au député et mathématicien Cédric Villani est un début de réponse. Ce questionnement devrait avoir le mérite de rappeler que contrairement aux croyances, des garde-fous existent dans les procédures d’évaluation : déclaration d’intérêts des experts, réalisation des études par des centres certifiés et régulièrement audités, communication des données brutes permettant à l’autorité de recalculer les statistiques et de tirer ses propres conclusions en cas de doute, etc. En revanche, ce qui ne passe pas auprès de l’opinion, c’est que le financement des études vienne des industriels, même s’ils sont les seuls à pouvoir sortir les sommes faramineuses nécessaires à leur réalisation et que ce ne sont pas eux qui les font.

Comment sortir de cette ambiguïté ? Un grand pas consisterait sans doute à rendre publiques ces études au nom de la transparence, même si cela heurte la protection de la propriété intellectuelle. Au législateur de prendre ses responsabilités et de monter au front !