Qu’est-ce qui distingue une île d’un petit bourg isolé au milieu de la campagne ou de la montagne ?
Au fond, pas tant de choses que ça, si ce n’est bien sûr que, sauf pont providentiel, les voies d’accès passent par la mer ou par les airs ! Pour le reste, nombre de problèmes quotidiens de la vie rurale se retrouvent, parfois plus aigus encore. Cela conduit souvent les insulaires à puiser dans leurs ressources… Et à faire jouer à fond le « système D ».
La volonté de cultiver la terre et une identité, contre vents et marées, a été bel et bien ressentie à travers les reportages de cette semaine (lire notre dossier, page 34).
Ainsi, l’île de Bréhat pourrait faire des villages envieux : pour quelque 400 âmes, les services publics vitaux y sont encore présents, parfois de manière fragile, il est vrai : mairie, école primaire, poste, réseaux internet, pompiers, médecin, Ehpad… Les commerces, avec le retour d’une boulangerie, permettent aussi de vivre « normalement ». L’agriculture y garde encore des racines et sert des intérêts partagés. À Bréhat, comme à Belle-Ile, à l’île d’Yeu ou en Corse, on note aussi un regain de projets d’installations.
Certes, peut-on rétorquer, la manne touristique fausse la donne et irrigue copieusement la vie locale, au moins en saison. Il n’empêche, dans ces îles, dont certaines échangent leurs sujets de préoccupation en réseau, le devenir et la typicité des productions agricoles sont bien ancrés dans une nouvelle dynamique collective. Le souci de préserver le foncier des emprises à bâtir ou, à l’inverse, des friches, est un des enjeux principaux pour dégager l’horizon. Des solutions originales sont testées dans ce sens. Des cercles vertueux de traitement des déchets, associant agriculteurs et résidents, se créent également…
Autant de motifs pour considérer les îles comme des laboratoires intéressants dans la quête d’autonomie et la construction de circuits locaux.