Si le rythme des cessions d’exploitation ne semble pas devoir fléchir dans les prochaines années, les conditions de reprise, elles, partent sur des schémas de plus en plus divers.

Ainsi, le modèle « idéal » souvent espéré de transmission à un enfant ne sera-t-il plus forcément celui qui prévaudra. Ce contexte, qui voit par nécessité l’affectif passer au second plan, incite d’autant plus à anticiper la cession.

Qu’il s’agisse de retraite ou de départ anticipé, il n’est certes pas facile d’imaginer, dix à quinze ans avant, l’avenir sous cet angle. Surtout si l’on est encore sous le coup d’investissements productifs et donc de remboursements de prêts. Néanmoins, comme veut le traduire le dossier de cette semaine (lire page 42), un projet de cession se prépare comme un projet en tant que tel, ou en tout cas comme une étape ultime. Avec, comme nouveau challenge, de trouver le juste prix de l’exploitation à céder.

Le fait de passer de la valeur patrimoniale à la valeur économique, liée à la rentabilité de ce patrimoine, représente une marche indispensable à franchir. Car elle sera le gage d’une prise de recul en phase avec la réalité… Et de la loi inoxydable du marché. La rentabilité de l’outil de production est ainsi estimée à travers le flux de trésorerie disponible, une fois payés la rémunération du travail et l’autofinancement. Face à certains acquéreurs, de plus en plus nombreux, il est important de pouvoir justifier de la rentabilité d’un outil de production, une fois rémunérée la main-d’œuvre. Celle-ci pouvant être par ailleurs réalisée par un tiers, un salarié ou un prestataire. D’ailleurs, dans des régions en apparence homogènes, la valeur vénale des exploitations peut s’avérer très hétérogène. De gros écarts de rentabilité sont observés, qui ne s’expliquent pas tant par la qualité des terres ou la nature du patrimoine que par le résultat de choix effectués au fil des années.