Ce n’est pas faire injure au nouveau ministre de l’Agriculture que d’affirmer qu’il ne bénéficie pas d’une grande notoriété. Mais après tout… Il faudra surtout miser sur sa pugnacité. Issu d’un département où les bovins sont presque deux fois plus nombreux que les habitants, Jacques Mézard, le Cantalou, aura beau jeu de mettre à profit sa proximité avec le monde rural et une capacité de travail reconnue pour s’attaquer aux dossiers (lire en page 14). À supposer que sa nomination franchisse le cap des législatives… Entre compétitivité à l’export et consolidation des productions dites de proximité, cet homme réputé pragmatique semble avoir une vision claire des « modèles » en jeu. Il a déclaré d’emblée qu’il ne fallait pas lui « demander de faire pousser l’argent ». Il n’en devra pas moins vite contribuer à ce que les agriculteurs y trouvent plus leur compte. La présentation d’une loi de simplification des normes, dès le mois de juin, peut y contribuer. Par ailleurs, un des premiers rendez-vous, les États généraux de l’Alimentation (re)mettront autour de la table producteurs, transformateurs et distributeurs sur la question des prix.

En face de lui, ou à côté, c’est selon, Jacques Mézard trouvera un ministre de la Transition écologique et solidaire qui, lui-même, avait demandé l’organisation d’un « Grenelle de l’alimentation », avec une signification toutefois différente. Érigé en ministre d’État, l’ancien animateur de télévision Nicolas Hulot se pose en chantre de l’agroécologie, qui associe, selon lui, « l’intelligence de la nature et celle de l’homme ». En décembre 2016, lors du colloque « Nourrir toute la planète », il affirmait aussi que les aides agricoles devaient être conditionnées au respect de l’environnement et à l’emploi. Dans la manière de dessiner l’avenir de la Pac, le sujet pourrait animer le débat entre ministres. Mais Jacques Mézard a, lui, d’abord une urgence opérationnelle à gérer : mettre l’Administration en capacité de respecter le calendrier de versement des aides actuelles. À défaut de faire pousser l’argent, cela permettrait déjà de ne pas en perdre.