C’est parce que son fils s’était fait traiter de « cul-terreux » à l’école que Thierry Bailliet s’est lancé dans des vidéos pédagogiques, pour montrer la réalité du métier, son modernisme et la fierté qu’il a à l’exercer (voir page 14). Entre sa chaîne YouTube, ses comptes Facebook et Twitter, il bénéficie maintenant d’une jolie audience sur la toile.

Au sein du milieu agricole, beaucoup ressentent, comme lui, la nécessité de combler le trop grand écart entre la réalité de l’agriculture et l’image décalée qu’en perçoit le grand public. Derrière ce constat pointe souvent un profond agacement vis-à-vis des médias généralistes et du traitement qu’ils infligent au secteur. D’où la tentation de les court-circuiter, via le numérique et les réseaux sociaux.

Si le monde agricole est longtemps resté emprunté face au défi complexe de la communication grand public, certaines initiatives semblent avoir trouvé les bonnes clefs. Dans ce numéro, nous en mettons quelques-unes en exergue. Elles s’appuient quasiment toutes sur un ressort assez simple : le factuel et la légitimité naturellement accordée aux personnes qui montrent ce qu’ils font.

En finir avec les clichés sur l’agriculture, c’est aussi éviter qu’ils naissent et s’incrustent dans la tête des gens dès le plus jeune âge. Rétablir la vérité suppose de s’adresser directement à la jeunesse dans les écoles, d’autant que des vents contraires s’expriment aussi à leur endroit et tendent à entretenir une image bucolique, voire surannée du métier. Beaucoup d’initiatives ont intégré cette dimension, à l’instar de l’opération Fermes ouvertes, qui accueille chaque année plusieurs milliers d’écoliers ou de MonChamp.fr, toute nouvelle démarche qui permet à une classe de suivre une parcelle de céréales durant une année scolaire.

Ce foisonnement salutaire montre en tout cas que les agriculteurs ont bien compris l’importance de prendre la parole plutôt que de laisser d’autres, beaucoup moins légitimes, s’en emparer…