«L’analyse réalisée sur l’ADN microbien des sols de France, tant en quantité qu’en biodiversité, montre, d’une part, qu’aucun sol ne paraît stérilisé, et que, d’autre part, les micro-organismes représentent un potentiel considérable pour une gestion plus écologique des sols et de la production agricole. » Voilà ce qu’écrivait le GIS Sol (1) il y a déjà cinq ans, dans la première synthèse scientifique jamais écrite sur l’état des sols en France (une cinquantaine de chercheurs, une vingtaine d’organismes). Cette assertion ne s’est pas démentie depuis, puisque le projet AgrInnov (2011-2015), construit à partir d’analyses microbiologiques de parcelles et les échantillonnages réalisés par le réseau RMQS, a enfoncé le clou (voir notre dossier page 46). Au passage, les sols français ne sont donc pas « morts », comme il est abusivement prétendu sur les plateaux de télévision, dans certains documentaires alarmistes et par certains élus de la République (2). Pour autant, il faut reconnaître, a contrario, que l’on a trop longtemps négligé de s’occuper du sol et de percer les mystères de ce monde souterrain très habité. Un égarement sans doute lié à la croyance que la chimie pouvait tout. Depuis quelques années, c’est le retour en force de l’agronomie et il faut s’en réjouir. Mieux comprendre et agir sur la vie biologique des sols est, de toute évidence, une formidable piste de progrès pour répondre aux défis de notre époque, économiques, techniques, sociétaux. Les agriculteurs l’ont bien compris, comme en témoignent l’intérêt croissant porté à l’agriculture de conservation et la vigueur du réseau Base. Derrière l’amélioration de la connaissance sur les micro-organismes du sol et sur leurs interactions avec les plantes, se joue, pour une part, la construction de systèmes de cultures innovants à bas niveau d’intrants. Ce sont donc de puissants alliés pour demain, qu’il va falloir apprivoiser.

(1) Groupement d’intérêt scientifique.

(2) La sénatrice Bernadette Bourzai, 23 octobre 2012, en conférence de presse.