La start-up française Ÿnsect s’est positionnée sur les rangs. L’entreprise annonce, ce jour, avoir complété sa levée de fonds de série C (1), portant le montant total de son financement à 425 millions de dollars. « Le financement total représente plus que l’ensemble des fonds levés par le secteur des insectes dans le monde », appuie Antoine Hubert, co-fondateur et PDG du groupe.

 

Ce nouvel apport de capitaux contribuera à la réalisation de l’usine de Poulainville, dans la Somme, dont la production devrait démarrer début 2022. Le site, présenté par ses fondateurs comme « la plus grande ferme verticale au monde », aura une capacité de production annuelle estimée à 100 000 tonnes d’ingrédients et créera près de 500 emplois directs et indirects. « À terme, nous aurons les ressources et toutes les autorisations administratives pour doubler notre production », soutient Antoine Hubert.

 

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La première ferme verticale « carbone négative »

Le pionnier français de la production d’insectes avance ses arguments pour répondre aux enjeux de demain. « En cultivant des scarabées molitor, Ÿnsect utilise 98 % moins de terres qu’une ferme traditionnelle tout en réduisant considérablement son empreinte carbone et écologique. » L’entreprise s’appuie sur des méthodes de production vertueuses, « ne générant aucun déchet et étant carbone négative. » « L’élevage d’insectes se veut 100 fois plus productif (au m²) que toute autre production de protéine végétale ou animale », avance Antoine Hubert.

 

Si la start-up compte se concentrer en premier lieu sur la production d’engrais naturel et de protéines à base d’insectes pour poissons ou chiens et chats, « un vrai défi reste à relever dans l’alimentation des porcs et des volailles », fait savoir le PDG d’Ÿnsect. « Des discussions ont été entamées avec la direction générale de la Santé et celle de l’Environnement à ce sujet. Nous espérons obtenir un vote favorable dans les prochains mois pour introduire les insectes dans l’alimentation de porcs et de volailles, poursuit-il. Notre cadre règlementaire européen, très structuré, nous donne un avantage compétitif de taille en comparaison des autres grandes puissances. »

 

Antoine Hubert, co-fondateur et PDG d’Ÿnsect, à gauche et Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, à droite lors d’une conférence de presse le mardi 6 octobre 2020. © l.pouchard
Antoine Hubert, co-fondateur et PDG d’Ÿnsect, à gauche et Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, à droite lors d’une conférence de presse le mardi 6 octobre 2020. © l.pouchard

Renforcer sa présence à l’échelle mondiale

Mais le groupe ne compte pas s’arrêter là. Dans sa course à l’innovation, Ÿnsect mise sur « l’appui de partenariats industriels stratégiques » pour s’implanter ailleurs qu’en France. En Amérique du Nord, en Asie du Sud-Est ou bien en Europe, la localisation reste encore à définir. Rassemblant une trentaine de brevets pour la production du scarabée molitor en engrais organique et en alimentation animale, la start-up française possède déjà pour 40 % du total des brevets détenus par les dix plus grands producteurs d’insectes dans le monde.

 

« L’innovation et l’investissement sont indispensables pour trouver des solutions aux défis environnementaux. Ÿnsect fait partie des entreprises qui comptent sur le plan international pour faire face à la concurrence anglo-saxone et chinoise et répondre aux défis de transition écologique », salue Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques.

 

 

(1) Les séries A, B et C correspondent aux phases de développement des entreprises qui lèvent des fonds. L’étape C consiste à perfectionner et accroître rapidement l’activité déjà établie des entreprises. Les entreprises peuvent espérer lever des dizaines de millions d’euros lors de ce tour. (Source : Investopedia)