«Notre système est basé sur l’autonomie alimentaire en fourrages et en céréales autoconsommées, et sur une bonne sécurité sanitaire avec du plein air intégral pour nos 320 vaches salers inscrites, explique Laurent Devaux, installé en Gaec avec ses parents, Gilles et Valérie, à Archignat, dans l’Allier. Nous limitons ainsi nos coûts de production et les investissements en bâtiments. »
La conversion d’un troupeau charolais sélectionné en un troupeau salers s’est échelonnée de 2004 - année d’installation de Laurent - à 2011, grâce à des achats de génisses chez des éleveurs sélectionneurs du Cantal et une progression des bêtes par renouvellement interne. Le jeune éleveur sait se donner les moyens de trouver ce qu’il recherche : des animaux dociles présentant un bon développement squelettique, un bassin bien dessiné, une belle ligne de dos, une bonne profondeur de poitrine, des aptitudes laitières et de belles mamelles. Autant de critères précis qui restent les objectifs de la sélection conduite aujourd’hui.
Des critères précis
Les vêlages se déroulent sur deux périodes : deux tiers du troupeau de septembre à novembre et un tiers en mars-avril. 60 % des mères sont conduites en race pure et 40 % en croisement charolais. « Les taureaux sont achetés chez des sélectionneurs ou à la station d’évaluation de la race afin d’assurer un bon potentiel de croissance et les aptitudes fonctionnelles recherchées, précise Laurent Devaux. Je trie les femelles accouplées en race pure sur leur phénotype et sur les performances de leurs produits à la pesée. Les autres sont accouplées avec des taureaux charolais et leurs produits seront engraissés sur l’exploitation. Les vêlages à trente mois permettent un roulement de trésorerie plus rapide et des résultats génétiques anticipés lorsque nous testons de nouveaux taureaux et de nouvelles lignées de femelles. »

Tous les animaux d’élevage hivernent à l’extérieur sur des parcelles qui offrent des sols porteurs et des abris boisés. « Nous avons ressemé 75 % des prairies en mélanges productifs et résistants à la sécheresse. Les fourrages sont récoltés en foin, en enrubannage en continu (boudins à proximité des parcelles d’hivernage) et en balles rondes faciles à distribuer dans les râteliers, explique l’éleveur. Les céréales sont moissonnées par un entrepreneur et stockées par notre coopérative, la Sicabb. » Les bêtes engraissées sont, quant à elles, allotées dans des ateliers sur aire paillée, équipés de râteliers et de nourrisseurs.
« Pour un éleveur naisseur, engraisser des animaux sur place offre une vitrine en direct sur ses résultats génétiques, précise Laurent. C’est aussi passionnant que de produire des bêtes vendues pour l’élevage car les deux activités sont très complémentaires. Les résultats techniques de l’atelier d’engraissement, aussi bien en mâles qu’en femelles, témoignent des bonnes aptitudes de la salers. »
Une commercialisation plus sécurisée
Tous les mâles sevrés sont finis en 210 jours. La ration sèche, élaborée par un nutritionniste, comprend 55 % de triticale et 45 % de drèche, pulpe et minéraux (506 € par bovin pendant la durée d’engraissement). Les taurillons sont vendus à 17 mois au poids moyen de 431 kg de carcasse. Ils enregistrent un GMQ (gain moyen quotidien) naissance-abattage de 1 230 g pour les salers purs et 1 449 g pour les croisés salers-charolais. Laurent analyse tous les résultats (poids, conformation, âge à l’abattage) en les classant par taureau.
« La commercialisation d’animaux gras est plus sécurisée que celle de bétail maigre en période de crise, estiment les associés du Gaec, adhérents de la coopérative Covido-Bovicoop du groupe Sicarev. Nous ne regrettons pas d’avoir pris le temps de monter un cheptel correspondant à des objectifs de production préalablement définis en concertation avec la structure de commercialisation. Ce raisonnement économique nous permet d’optimiser notre temps de travail, lissé sur l’année et partagé entre les soins aux animaux et les travaux extérieurs dans les prairies et sur les cultures. »
Monique Roque Marmeys