Originaire d’Ille-et-Vilaine, Jean-Philippe Maignan travaillait en tant que pointeur à l’Upra prim’holstein quand il a entendu parler de Maxime Bignon. « Je cherchais à m’installer en production laitière, sur un système plutôt pâturant, avec peu de matériel. Plusieurs fois, on m’a cité le nom de Maxime, installé depuis 2011 et dont l’associé partait en retraite. J’ai fini par l’appeler. »

Une nouvelle stabulation

Entre les deux trentenaires, le courant est vite passé. Après un stage de parrainage en 2016, Jean-Philippe s’installe le 1er janvier 2017. Créé à cette occasion, le Gaec de l’Orée compte alors 62 ha de SAU et 70 prim’holsteins pour une production de 650 000 litres de lait. Il va rapidement évoluer. « Dans les deux années qui ont suivi mon arrivée, nous avons lancé la construction d’une nouvelle stabulation, repris 26 ha, et augmenté la production de lait pour arriver quasiment à 800 000 litres », explique Jean-Philippe.

 

La stabulation construite en 2018 peut accueillir 90 laitières. © Anne Mabire
La stabulation construite en 2018 peut accueillir 90 laitières. © Anne Mabire

 

Gestion rigoureuse du pâturage

Équipé d’un racleur à cordes et de tapis, prolongé d’une cour de 270 m² et d’une fosse (1 800 m3), le nouveau bâtiment représente un investissement de 235 000 €. « Il permet d’accueillir jusqu’à 90 laitières, le double de nos précédentes installations », poursuivent les deux associés. Pour accompagner l’augmentation de la production laitière et celle du nombre de vaches, Maxime et Jean-Philippe ont renforcé la place du pâturage, cherchant à allonger sa durée. « Nous pratiquions déjà le pâturage au fil, mais sans véritable organisation. Nous nous laissions mener par la pousse de l’herbe. Les vaches allaient là où il y avait besoin, quel que soit le type de prairie. Résultat : nous n’arrivions pas à faire de stock sur pied et, fin juin, il n’y avait plus d’herbe. » Soutenus dans leur démarche par le réseau Civam (lire l’encadré), Maxime et Jean-Philippe redessinent les paddocks, les clôturent, amènent l’eau dans chacun d’eux, stabilisent aussi certains chemins parmi les 4,5 km que l’exploitation compte. Ils mettent aussi en place un calendrier de pâturage, « avec la volonté de s’y tenir ».

Dorénavant, 8 paddocks de 2,5 ha chacun sont réservés à la pleine pousse. Choisis en début d’année parmi vingt, ils ne sont ni fauchés, ni cassés. « Ce sont aussi les premiers à être déprimés. » À l’inverse, les autres parcelles seront, une fois déprimées, soit cassées pour implanter un maïs, soit fauchées. « Dans ce cas, nous patientons jusqu’au 25 mai environ. À ce stade, on fauche avec l’épi ; derrière, on a une repousse très feuillue qui s’étale et garde une bonne valeur fourragère en juin. »

 

Le chemin qui mène de la stabulation (voir photo ci-dessus) à la salle de traite a été empierré sur 200 mètres environ. © Anne Mabire
Le chemin qui mène de la stabulation (voir photo ci-dessus) à la salle de traite a été empierré sur 200 mètres environ. © Anne Mabire

 

Dans le principe, toutes les parcelles doivent avoir été pâturées avant le 15 avril. Les vaches y passent en premier, dès janvier si possible, puis les génisses. « L’entrée au pâturage se fait au stade 18 cm feuille tendue, alors qu’avant on était plutôt à 25, voire 30 cm. » Couplée à une météo favorable, cette organisation peut se révéler particulièrement bénéfique. L’an dernier, Maxime et Jean-Philippe ont rouvert le silo d’herbe au 14 juillet, gagnant ainsi un mois de pâturage. Faute de pluie en mai, le résultat ne devrait toutefois pas être aussi bon cette année.

« Pour le maïs fourrage, nos besoins de stocks ont baissé. Nous étions sur une base de 3,5 t/UGB, nous sommes descendus à 2,2 t/UGB. Nous achetons également moins de correcteur azoté : 530 kg/UGB au lieu de 1,1 t/UGB. »

Des économies en fertilisation azotée

Des économies ont également été réalisées sur la fertilisation azotée. Aujourd’hui, les prairies reçoivent 30 unités après le déprimage, sous forme d’engrais ou de lisier. « Avant, nous étions entre 60 et 70, avec un apport au moins après les deux premiers passages de pâturage. »

Dans cette voie de l’autonomie, le duo entrevoit encore des marges de progrès. « Cette année, nous devrions garder moins de génisses. Pas plus de trente alors que jusqu’ici nous en élevions au moins quarante. » Ce choix correspond au besoin de renouvellement et va permettre de réduire le chargement à l’hectare. « Nous sommes actuellement à 1,9 UGB/ha. Nos terres le supportent, mais pour un système herbager, c’est élevé. »

Anne Mabire