L’installation d’Anthony Soustre, jeune agriculteur corrézien, est le fruit d’une belle rencontre : celle de deux hommes de générations différentes ayant la passion de la terre. Hervé Germain, installé depuis 1991 à Vignols, en Corrèze, cherchait un associé pour intégrer la SCEA (1). « J’ai vite abandonné l’idée d’embaucher un salarié à temps plein à l’année. La problématique de main-d’œuvre est complexe. Je voulais une personne qui s’investisse et sur laquelle je puisse compter », assure Hervé.
La passion du métier d’agriculteur
De tout temps, Anthony a voulu suivre la même voie professionnelle que ses parents, qui sont exploitants à proximité. « J’ai toujours su que je serai agriculteur », affirme le jeune exploitant, âgé de 28 ans. Il a obtenu un baccalauréat STAV (sciences et technologies de l’agronomie et du vivant), un BTSA section horticole, suivi d’une licence professionnelle en management des entreprises horticoles et du paysage.

L’oie, une nouvelle production
Après avoir été salarié, pendant cinq ans, sur une exploitation spécialisée en arboriculture, Anthony a franchi le pas en s’installant « hors cadre familial » en avril 2019. Il connaissait déjà Hervé : plus jeune, il avait travaillé aux Vergers de la Peyrolie, en tant que saisonnier, pour la cueillette, et ses parents fréquentaient la même coopérative que l’arboriculteur. Puis, il a acheté les parts sociales de l’associée d’Hervé, son épouse. Celle-ci a fait le choix d’une autre vie professionnelle, après avoir œuvré sur la ferme plus d’une quinzaine d’années.
Depuis un an, les deux hommes élèvent des volailles grasses et mettent en valeur 30 ha de SAU, dont 9 ha de vergers, principalement des poires et des pommes, ainsi que des châtaignes. « Depuis l’arrivée d’Anthony, nous produisons plus de volailles prêtes à gaver. En canards, nous avons réalisé 21 bandes de 1 200 têtes, et en oies, 4 bandes par an de 700 têtes. L’oie correspond à une nouvelle production. Elle est plus exigeante techniquement mais davantage rémunératrice, précise Hervé. Les pommes et les poires sont commercialisées en coopérative. À partir de la prochaine récolte, ce sera la Sica du Roseix. »

De nombreux projets
L’arrivée d’Anthony a impulsé une nouvelle dynamique. « Les décisions sont prises à deux. Les tâches sont partagées et j’ai développé de nouvelles compétences, notamment en gavage », souligne-t-il Les deux associés ont de nombreux projets : en premier lieu, le passage intégral au désherbage mécanique pour un investissement de 20 000 euros, ceci afin de répondre à la demande des consommateurs de réduire les pesticides. Ils souhaitent aussi miser sur l’irrigation pour sécuriser la production de fruits, en investissant 60 000 euros sur une période de trois ans.
Développer la poire
La SCEA Les Vergers de la Peyrolie produit chaque année 30 tonnes de poires et 250 tonnes de pommes. Il est prévu de développer les premières plutôt que les secondes. « La poire jouit d’une meilleure image auprès du public. Elle implique moins de contraintes à cultiver. La consommation est stable avec une forte diminution des vergers français. Les coopératives sont en demande d’une production hexagonale. Dans notre structure, par exemple, nous ne sommes que trois producteurs. Depuis mon arrivée, nous avons planté 1,5 ha de poiriers et diminué les surfaces en pommiers », explique Anthony. D’autres projets émergent, comme le passage en production bio pour les poires et une diminution à terme du verger de 9 ha à 7 ha, avec une productivité identique grâce à l’irrigation.
Associés à 50/50 au sein de la SCEA, les deux agriculteurs parlent d’une intégration réussie. « Nos relations sont professionnelles et saines, se réjouit Hervé. Si je m’étais associé à un neveu, cela aurait sans doute été plus compliqué. Au final, c’est le moyen d’assurer l’avenir de mon exploitation. »
Claude-Hélène Yvard
(1) Société civile d’exploitation agricole.