Un BTA au lycée de Pouillé suivi d’un BTS Acse à l’École supérieure d’agriculture (Esa) d’Angers : Francine et François Meunier ont suivi la même formation et ont toujours voulu s’installer ensemble. Après plusieurs années de salariat, l’éleveur de 41 ans est le premier à franchir le pas avec la reprise, en 2004, de la ferme de l’Aireau à Baugé-en-Anjou, dans le Maine-et-Loire. « Il y avait 42 ha, 35 laitières prim’holsteins et un droit à produire de 200 000 l de lait », précise-t-il. Technicienne de contrôle laitier, Francine le rejoint en 2008 à la faveur du départ en retraite de ses beaux-parents. « J’ai repris les 30 ha qu’ils exploitaient à 22 km d’ici, et bénéficié de droits à produire pour 40 vaches allaitantes. Nous avons aussi obtenu 70 000 l de lait supplémentaires. »
Mises aux normes de l’exploitation
Une fois l’EARL de l’Aireau constituée, le couple s’attelle à la mise aux normes de l’exploitation. « Elle a coûté 30 000 €, qui ont été principalement affectés à la construction d’un hangar à fourrage, l’ancien ayant été transformé en stabulation pour accueillir les premières allaitantes, explique l’agricultrice. Nous avons aussi aménagé une fumière et un filtre à paille avec bassin végétalisé pour gérer les jus de l’élevage, après avoir vu ce système à la ferme expérimentale des Trinottières, dans le Maine-et-Loire. »

Augmentation des moyens de production
En 2013, l’exploitation franchit un nouveau cap avec la construction d’une stabulation pour l’élevage allaitant. « Cet investissement de 110 000 € a permis d’augmenter la taille du troupeau. Nous avions démarré avec 28 mères de race parthenaise. Nous pouvions en accueillir 45 et, en même temps, rapatrier les génisses. Jusqu’ici, elles étaient élevées sur le second site. »
L’élevage laitier se développe également : « Grâce aux rallonges, nous sommes passés de 300 000 l en 2008 à 354 000 l en 2014-2015. Sur la campagne suivante, en pleine crise laitière, nous avons atteint 466 000 l, poursuit le couple. Cette augmentation s’est faite sans achat d’animaux. Conjuguée à une bonne récolte de maïs, nous avons passé la crise sans problème financier majeur. »
2016 reste dans la mémoire des éleveurs comme une année « charnière » : « Depuis notre installation, tout avait augmenté : la production de lait ou encore le nombre de vêlages. Pour autant, nous n’avions que deux bras ! » Soucieux d’alléger la charge de travail, les exploitants décident de recruter. « Après deux expériences très positives, nous avons rencontré des difficultés. Il y a un an, au départ de notre dernier salarié, nous avons mis notre organisation à plat. Notre objectif était de libérer du temps, en particulier le week-end, pour accompagner nos trois enfants dans leurs activités. » Le centre de gestion étudie trois stratégies. Deux actent l’arrêt du lait. « Dans un cas, nous restions tous les deux à la ferme et nous augmentions la production de viande. Dans l’autre, je quittais l’exploitation », précise l’éleveuse. Le troisième scénario explore une autre façon de produire du lait, avec des investissements centrés sur l’automatisation de certaines tâches et le bien-être animal.

Phase d’investissement
« Nous avons retenu cette approche. C’était aussi celle qui passait le mieux sur le plan économique. » Leurs prêts JA étant échus et leurs charges de structure faibles, les éleveurs décident un programme d’investissement de 200 000 €, dont 134 000 € consacrés à l’achat d’un robot de traite. « Cet hiver, nous avons agrandi la stabulation. Jusqu’ici, nous disposions de 40 logettes pour 52 vaches laitières. Cela nous obligeait à des manipulations quotidiennes, notamment pour racler. En abattant un mur, nous avons créé 13 nouvelles places. La totalité a été équipée de tapis. »
Mis en route le 10 mars, le robot de traite remplace une installation 2 × 4 postes sans décrochage automatique. « Il allège notre temps de travail de deux à trois heures par jour », relève François. Le robot repousse-fourrage, également arrivé début mars, soulage les agriculteurs qui raclaient trois à quatre fois par jour. « Nous attendons beaucoup du racleur à corde qui doit être installé cet été. Nous devrions encore dégager une heure chaque jour. »
Anne Mabire