Installé à Pomarez, dans les Landes, Hervé Guichemerre a repris l’exploitation familiale au début des années quatre-vingt-dix. Pendant une quinzaine d’années, maïs et blondes d’Aquitaine ont rythmé son quotidien : l’éleveur sélectionneur a développé un troupeau d’une cinquantaine de mères. En parallèle, il a augmenté les surfaces de maïs grain, conduit sans irrigation, de 70 à 110 hectares, avec une moyenne de rendement à 90 q/ha en année normale.

L’année 2005 marque un tournant dans sa vie professionnelle : son salarié part en pleine saison du maïs et l’agriculteur se retrouve submergé par le travail. « J’ai poursuivi le travail seul sur l’exploitation, raconte-t-il. L’activité maïs grain était rentable, mais l’atelier bovin manquait d’efficience. Comme je ne pouvais pas tout mener de front, le choix de la raison a été d’arrêter l’élevage. Une décision difficile à vivre. »

 

Avec son chariot télescopique JCB, Hervé Guichemerre charge le semi-remorque envoyé par la centrale d’achat. Il livre à domicile les collectivités locales et les particuliers. © H. Quenin
Avec son chariot télescopique JCB, Hervé Guichemerre charge le semi-remorque envoyé par la centrale d’achat. Il livre à domicile les collectivités locales et les particuliers. © H. Quenin

Du bois à en revendre

Toujours en quête de rentabilité, Hervé se tourne vers le bois énergie dès 2008. Le déclencheur fut son séchoir à maïs fonctionnant au fuel. « Je l’avais installé onze ans plus tôt, pour vendre mon maïs sec, poursuit-il. Je consommais jusqu’à 21 000 litres de carburant par an et je cherchais une solution pour réduire mes coûts de séchage. J’ai franchi le pas après avoir vu fonctionner un chauffage à plaquettes de bois chez un serriste du Lot-et-Garonne. »

L’agriculteur possède toute la matière première nécessaire : il entretient environ 20 km de haies et bordures en plus des taillis, générant une grande quantité de branches jusque-là inexploitées. Il adapte son séchoir en installant un brûleur à plaquettes et invente un système d’alimentation automatique qui lui assure une autonomie de séchage de vingt-quatre heures.

L’année suivante, en 2009, après le passage de la tempête Klauss, on vient le trouver pour débarrasser le bois tombé à terre un peu partout. « Au bout d’un an, j’avais un stock de plus de 1 000 tonnes de plaquettes ! », dit-il. En quête de marchés, Hervé entre en contact avec la centrale d’achat multi-énergies Soven, des collectivités locales et des particuliers. Il a aujourd’hui plusieurs contrats de vente du bois.

 

Un hangar photovoltaïque sert au stockage des plaquettes de bois et du matériel. © H. Quenin
Un hangar photovoltaïque sert au stockage des plaquettes de bois et du matériel. © H. Quenin

Sécuriser les revenus

Le bois énergie reste une activité saisonnière, qui complète bien celle du maïs : l’exploitation se fait surtout l’hiver et le broyage, triage et stockage plutôt en juin-juillet. Les plaquettes sèchent naturellement plusieurs mois sous les hangars.

Hervé Guichemerre travaille à temps plein et un apprenti polyvalent l’aide sur l’exploitation. Mais il se sent un peu seul : « J’ai plusieurs idées que j’aimerais développer, mais il faudrait être deux. » Sur le bois énergie par exemple : dans les appels d’offres publics, la concurrence des gros apporteurs est féroce. Au lieu de se lancer dans la guerre des prix et des volumes, l’agriculteur souhaiterait monter en gamme avec une plaquette plus sèche et la fabrication de granulés de bois. Pour son maïs, depuis trois ans, il passe ses contrats de vente en amont de la production. « Les marchés sont devenus trop fluctuants, alors je ne cherche plus à vendre mon maïs au meilleur prix possible, mais simplement à rentabiliser mon travail et sécuriser mes revenus, explique-t-il. Mon prix est calé sur mes coûts de production, que je maîtrise très bien, et auxquels je rajoute la marge nécessaire. Le maïs est vendu, pour moitié, avant même le semis. »

Une exploitation à céder

Vu les bâtiments disponibles, il serait possible de relancer une activité d’élevage. Depuis quatre ans, Hervé accueille vingt à trente vaches en pension, quatre à cinq mois dans l’année. « Je suis ravi que mon hangar redevienne une stabulation, confie-t-il. J’aimerais qu’un jeune arrive avec un projet d’élevage ! »

Âgé de cinquante-sept ans, l’agriculteur songe à la transmission de l’exploitation. Il cherche un associé ou un jeune à parrainer jusqu’à sa retraite. Il a déjà fait évaluer sa ferme, ses bâtiments et matériels par Cerfrance Adour Océan et espère à présent des candidats foisonnant d’idées.

Hélène Quenin