L’exploitation de Nicolas Fetet et de ses associés est emblématique du renouveau de la race vosgienne dans le massif du même nom et de l’engouement pour les produits locaux. Ainsi, la boutique créée à Remiremont (Vosges), avec six autres producteurs et trente apporteurs, est en constante progression en chiffre d’affaires. La vente directe à la ferme et sur les marchés suit cette même courbe ascendante.

« Nous produisons une centaine de kilos de fromages par jour, soit entre 30 et 35 t de munster et de tomme par an, explique Nicolas Fetet. Un cinquième de notre production, les munsters dits blancs, est vendu à deux affineurs, la fromagerie de l’Ermitage et Haxaire, qui commercialisent sous la marque Bonneterre. Deux cinquièmes sont cédés à des revendeurs, grandes surfaces, magasins de produits locaux et restaurateurs. Le solde part en vente directe. Pour faire face à la demande des deux derniers débouchés, nous avons dû réduire la part du premier. » C’est d’ailleurs la maison Haxaire qui a poussé le Gaec à se convertir au bio, la certification étant effective depuis 2017.

Défense de la race

Le choix de la vache tachetée noir et blanc s’est imposé lors de la création du Gaec en 1990. « Notre structure est née du regroupement de deux autres. Avec ma conjointe Pascale, nous sommes arrivés avec 17 vosgiennes. Nos associés, Dominique et Marie-Jo Valdenaire, avaient un troupeau de 25 prim’holsteins, raconte l’éleveur. Le prérequis à la fusion, c’était que tout le lait soit produit avec des vosgiennes. » C’est le cas aujourd’hui avec un troupeau de 75 vaches laitières et leur suite. L’herbe est quasiment leur seul aliment. Les vaches pâturent en moyenne du 15 avril au 15 octobre, les génisses d’avril à décembre.La ration hivernale est composée de foin ou d’enrubanné, complémentés avec un concentré de type « VL 18 ».

« Certaines de nos prairies sont situées dans des secteurs difficiles, pas toujours mécanisables. L’enrubannage est fait sur les parcelles les plus productives et les plus aptes au passage des machines. Suivant les secteurs et la météo, les agriculteurs y réalisent une, deux, voire trois coupes. Les quantités récoltées vont de 500 kg de MS/ha à 5 à 6 t. L’objectif étant d’avoir un stock pour six mois, soit environ 1 500 bottes. L’équipement est individuel. « C’est compliqué de travailler en Cuma pour ce type de chantiers, car nous avons des créneaux limités dans le temps à cause de la météo, souligne Dominique Valdenaire. Mais nous avons du matériel en commun, comme des pelleteuses, des remorques ou des épandeurs à fumier. »

Système peu intensif

La production de lait est de 280 000 l par an, soit une moyenne de 3 600 l/VL. « La vosgienne n’est pas une race très productive et notre système d’alimentation n’est pas non plus intensif, souligne Nicolas Fetet. Mais elle est très bien adaptée à nos terroirs. Elle est rustique, peu fragile comme peut l’être une prim’holstein dans les mêmes conditions. » Des primes viennent par ailleurs aider à son maintien et à son développement.

Dominique a en charge le suivi du troupeau laitier. Il assure la traite avec Pascale. Les deux femmes sont responsables de la fabrication, tous les matins, voire l’après-midi lorsque les quantités de lait sont abondantes. Elles s’occupent aussi de la vente. à Nicolas est dévolu l’entretien du matériel, des installations, le suivi administratif et la comptabilité. Actuellement, le Gaec compte aussi une apprentie, Lolita, qui est présente pour deux ans. Albert, 24 ans, le fils de Pascale et Nicolas, titulaire d’un BTS « Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole » obtenu au lycée agricole de Mirecourt (Vosges), donne un bon coup de main lorsqu’il n’est pas salarié dans d’autres structures, comme l’été, en tant que berger d’estive dans les Alpes. C’est lui qui s’installera au 1er janvier 2020, au moment du départ en retraite de Dominique. « Nous valorisons le lait à 1,23 €/l, précise Pascale. Ce qui peut paraître beaucoup au regard des 30 c/l payés par certains industriels. Mais il y a quatre personnes et demie à rémunérer. »

Dominique Péronne