Bien que leur ferme soit en grande partie labourable et que le potentiel de leurs terres, des limons argileux profonds, soit correct (1), Olivier et Guillaume Larue ont choisi de garder l’élevage : « Par tradition familiale, par goût, pour les synergies avec les grandes cultures, et par intérêt économique. »
Améliorer l’existant
En Gaec avec leur mère Sylvie, et avec un coup de main occasionnel de leur père Gérard, les deux frères ont d’abord amélioré leur outil de production avec deux objectifs : être efficaces dans le travail et efficients économiquement. « Nous avons eu la chance de reprendre une exploitation familiale bien gérée, expliquent-ils. Année après année, nous l’avons développée en profitant des aides disponibles : CTE pour l’aménagement de la fabrique d’aliment (2) dans un vieux bâtiment, PMBE-PCAE (3) pour la stabulation agrandie à trois reprises en 1980, 1996 (mise aux normes) et 1998 (installation d’Olivier).
Dotée de box de vêlage puis d’une ventilation plus efficace, l’étable a été équipée, il y a cinq ans, d’un quai d’embarquement, ainsi que d’un parc de contention couvert. Tous les animaux vendus y sont pesés. « Le camionneur charge seul les bêtes en toute sécurité », se félicitent les éleveurs.
Le bâtiment en kit autoconstruit sur sol bétonné, raclé après chaque utilisation, a coûté 15 000 euros. Pour sa réalisation, les agriculteurs ont pris soin de consulter le groupement de producteurs qui vient chercher les animaux destinés à l’abattoir, ainsi que la MSA. En outre, l’acquisition de la pailleuse, de la dérouleuse et de la remorque-distributrice à farine a fortement amélioré le confort de travail.
Une fois le socle technico-économique de leur exploitation calé, les associés du Gaec ont diversifié les activités. Afin de chercher du produit et des marges supplémentaires, ils ont décidé, il y a deux ans, d’engraisser leurs génisses l’été, à une période où les places en bâtiments sont disponibles. Les vaches de réforme étaient finies depuis vingt ans. Une nouvelle stabulation qui abrite l’hiver les femelles pour le renouvellement a été édifiée en 2013 dans le cadre d’un plan de développement de l’élevage. D’une surface de 1 325 m2 et orientée plein sud, elle a été recouverte de panneaux photovoltaïques. Munie de portes électriques, elle a été conçue pour réduire l’astreinte au maximum, en particulier le week-end.
« On ne distribue quotidiennement que la farine. Le foin, l’enrubannage et la paille sont donnés pour sept jours dans des râteliers anti-gaspi, en même temps que le fumier est enlevé. Finir les animaux permet, certaines années, de valoriser des céréales au PS (poids spécifique) moindre », précisent les éleveurs.
Puissance électrique de 134 kW
Des panneaux solaires ont aussi été posés sur le hangar voisin, qui abrite du matériel et du fourrage. Au total, l’exploitation dispose d’une puissance électrique de 134 kW. Les deux frères veillent à saisir les opportunités qui se présentent, à condition qu’elles soient cohérentes avec leur système et qu’elles ne fragilisent pas l’existant. « La priorité est de préserver les performances du troupeau, à savoir un veau par vache et par an, et les rendements. Ceci avant de se lancer dans une nouvelle spéculation, souvent gourmande en temps. Engraisser des lots de génisses exige ainsi un certain nombre d’opérations, comme les pesées. » De même, ils ont dû entreprendre une formation pour passer au semis direct sous couvert. Celui-ci se pratique désormais sur une partie des parcelles.
Afin de piloter au mieux leurs nouvelles activités, les deux frères aiment échanger avec d’autres agriculteurs. « Nous adhérons entre autres au GIEE Magellan, un groupe “grandes cultures” innovant et ouvert, car nous avons envie d’avancer en commun sur des sujets non explorés. C’est très instructif, et ça aide à rester humble. »
Anne Bréhier
(1) Rendements moyens de 70 q/ha en blé et 35 q/ha en colza.
(2) Contrat territorial d’exploitation : la fabrique est dotée de cinq cellules de stockage pour 1 800 q de céréales.
(3) Le dispositif d’aide aux investissements PMBE est remplacé depuis 2015 par le PCAE (plan pour la compétitivité et l’adaptation des exploitations agricoles).