À 32 ans, Matthieu Coppoolse a plus d’une corde à son arc. Lorsqu’il s’installe en 2009 sur la ferme familiale, de nombreuses activités sont déjà développées : céréales, volailles, négoce de paille et de compost, camping à la ferme, photovoltaïque… En 2016, il reste seul pour les céréales et les volailles. Mais sa famille n’est jamais très loin. Sa sœur, qui vit aux Pays-Bas, revient l’été pour s’occuper du camping.

Pour le jeune chef d’entreprise, qui aime le contact et le commerce, cette diversification est un atout. En 2016, lors des inondations, les rendements des céréales ont été divisés par deux, et le lot de dinde n’était pas satisfaisant. Mais le négoce de la paille avec les Pays-Bas (20 000 t/an) ainsi que la production photovoltaïque ont très bien fonctionné, ils ont compensé la perte. L’inconvénient de ces multiples activités, c’est l’organisation, comme l’explique Matthieu : « En été, il faut accepter d’arrêter la moisson pour aller bricoler un chauffe-eau au camping. Priorité au vivant ! »

Un forage essentiel

Matthieu cultive 270 ha, avec une rotation maïs-blé-orge-colza . Depuis deux ans, il tente de produire du soja, une culture qui peut être semée fin mai, après le drainage des terres. « Je suis déçu par les rendements, à 24 q/ha en irrigué, je m’attendais plutôt à 30-35 q/ha. Mais cette culture demande deux fois moins de charge qu’un maïs. »

En Puisaye, une zone intermédiaire avec des sols sableux sur argile, Matthieu évite les cultures de printemps non irriguées, qui aboutissent régulièrement à des rendements catastrophiques. En limite de nappe de Beauce, il possède un forage qui permet d’irriguer 60 ha autour de la ferme. Il aimerait augmenter ses surfaces irriguées, mais deux sondages à 100 m de profondeur n’ont rien donné. Il n’y a pas d’eau !

Faute de pouvoir multiplier les cultures , Matthieu suit de près sa commercialisation. Il vend tout à sa coopérative, la Caproga. Cette année, il a engagé 20 % de sa récolte avant moisson. « Avec un coût de production du blé autour de 140 €/t, j’ai vendu dès que le prix a atteint les 155 €/t. Il vaut mieux sécuriser une partie… Après, les prix ont augmenté. J’ai vendu 40 % en prix fixe, à 174 €/t, puis le reste en prix campagne. » Afin de maîtriser davantage les périodes de commercialisation, Matthieu a construit un hangar de stockage avec deux cases de 500 m3.

Exploiter le soleil

Ce nouveau hangar est recouvert de panneaux photovoltaïques . Une volonté de la famille qui ne date pas de cette année. Dès 2010, Samuel et Marie, les parents, créent une société photovoltaïque en associant leurs quatre enfants. Ils investissent 800 000 € et optent pour 230 kW de panneaux, posés sur plusieurs bâtiments. Ils obtiennent un tarif très avantageux, de 60 cts€/kWh sur vingt ans. Mais en août 2017, un des bâtiments recouverts de panneaux pour le stockage de la paille prend feu. L’incendie n’est pas dû au photovoltaïque, mais la moitié des panneaux sont brûlés. Heureusement, le contrat sur vingt ans se poursuit. La famille Coppoolse remonte 100 kW de panneaux, et remet en service la production solaire en septembre 2018.

Amateur d’énergie renouvelable , Matthieu a également installé, en mai 2017, des panneaux sur un tracker solaire qui suit l’ensoleillement. Le modèle est différent de celui des hangars : il ne vend pas l’électricité, mais l’autoconsomme dans les poulaillers. En effet, le tarif de l’électricité achetée est le même que le coût de l’électricité produite, à 11 cts€/kWh. Aussi Matthieu a-t-il décidé de produire sa propre électricité. Avec une puissance de 30 kW, et une production 40 % supérieure aux panneaux en toiture, le tracker donne lieu à baisser la facture électrique de l’exploitation de 22 000 à 17 500 € par an. Cette rentabilité est possible car la production solaire correspond très bien à la consommation linéaire des cinq poulaillers. Après le solaire, Matthieu réfléchit à un projet de méthanisation, en injection, avec sept autres voisins céréaliers. Une activité de plus à gérer !