La commission des pétitions du Parlement européen va demander à la Commission européenne d’ouvrir une enquête sur l’utilisation des pesticides dans la coopérative bretonne Triskalia, et plus largement dans les autres entreprises du secteur agroalimentaire de la Bretagne, dont plusieurs salariés ont été victimes de leur exposition à ces produits, ont annoncé mardi plusieurs associations de soutien.
« Il est probable que les faits vécus […] engagent la responsabilité de l’État »
« Depuis 2009, certains d’entre nous se battent pour faire reconnaître par l’employeur et par la Mutualité sociale agricole (MSA) […] la réalité de notre maladie qui a entraîné, selon les cas, une incapacité totale ou partielle de travail, voire des décès », écrivent les ex-salariés dans leur pétition.
« Il est aujourd’hui avéré que nous avons été exposés de manière répétée et durable à des produits chimiques dangereux, la plupart du temps sans information préalable par l’employeur, sans protection adéquate », ajoutent-ils.
Dans leur communiqué paru le 25 avril, l’union syndicale Solidaires Bretagne et le collectif Soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest précisent que « l’absence d’information, d’actions de formation et de protection sur notre lieu de travail pose la question du contrôle par les autorités françaises compétentes des activités ayant trait à l’utilisation de pesticides […]. Dans ce cadre, il est probable que les faits vécus par nous engagent la responsabilité de l’État ».
Les eurodéputés unanimes
Quatre ex-salariés du groupe agroalimentaire Triskalia et la veuve d’un autre salarié ont été entendus mardi à Bruxelles par la commission des pétitions pour examiner leur demande d’enquêter sur la responsabilité de l’État français dans le préjudice qu’ils ont subi. Ils reprochent à la France d’avoir manqué à son obligation d’appliquer et de faire respecter plusieurs directives européennes relatives à l’usage des pesticides.
« A l’unanimité, […] les député (es) ont décidé d’adresser à la Commission européenne un courrier pour lui demander une enquête dès que possible sur l’utilisation des pesticides dans l’entreprise Triskalia, et plus largement dans les autres entreprises du secteur agroalimentaire de la Bretagne », indiquent Solidaires et le collectif Soutien aux victimes de pesticides dans un communiqué paru ce jour.
« Nous ne pensions pas avoir de réponse sur le champ mais d’une part, le vote par les membres de la commission des pétitions n’a pas été reporté, et d’autre part, tous les groupes du Parlement ont demandé que notre pétition reste ouverte et qu’une enquête ait lieu », relate Serge Le Quéau, de l’union régionale Solidaires Bretagne.
Analyses de phosphine dans le maïs
Les députés ont également décidé, « toujours à l’unanimité », de demander à la France de « rendre publics les résultats des analyses concernant le maïs contaminé à la phosphine stocké sur le port de Brest ».
L’arrivée le 15 décembre à Brest d’une cargaison de 25 000 tonnes de maïs destinée à l’alimentation animale et traitée à la phosphine avait suscité l’inquiétude en raison des risques sanitaires encourus. À la fin de février, Triskalia avait indiqué qu’une analyse de la moitié de la cargaison s’était révélée « conforme à la réglementation ».
La commission des pétition du Parlement européen enverra, dans le courant de la semaine prochaine, un courrier au gouvernement français et à la Commission européenne. Cette dernière n’a pas l’obligation de suivre l’avis du Parlement.