Le manque de pluie qui sévit depuis cet automne sur une majorité du territoire pourrait impacter le rendement des céréales à paille. Certaines parcelles jaunissent déjà. Mais si les céréales souffrent du déficit hydrique, elles manquent également d’azote. Les apports ont été effectués dans de mauvaises conditions d’absorption et n’ont pas été valorisés. Le troisième, au cours de la montaison, est bientôt prévu dans la moitié du Nord. Toutefois, pour Jean-Paul Bordes, d’Arvalis, rien ne sert de se précipiter en l’absence de pluie annoncée, sauf si une irrigation de 15 mm est possible.

 

Dans le Sud, le déficit intervient au cours de l’épiaison et s’avère plus problématique. Malgré tout, de l’azote apporté jusqu’au stade de la floraison sera valorisé. Un pilotage permettra d’ajuster la dose selon l’engrais déjà absorbé et les besoins. Ces derniers, avec une biomasse limitée, seraient plus faibles.

57 % des maïs semés

En maïs, 57 % des semis étaient réalisés au 17 avril, contre 9 % l’an passé à la même période, selon FranceAgriMer. La sécheresse entraîne des levées hétérogènes. On note également des problèmes d’efficacité d’herbicide racinaire. Des désherbages en postlevée précoce seront à prévoir si c’est nécessaire. Quant aux maïs levés qui ont subi des températures négatives, les conséquences seraient limitées.

 

Dans le nord-est de la France, les températures ont chuté plus bas que le seuil de risque de gel d’épi (–4°C) sur des blés se situant entre le stade de l’épi à 1 cm et celui des deux nœuds. « Excepté localement (dans des zones en cuvette), les températures de gel n’ont été atteintes que ponctuellement, juste avant le lever du soleil », indique Jean-Charles Deswarte, d’Arvalis. Il restera malgré tout à évaluer les dégâts. « Si le gel d’épi est très net, les tiges touchées commencent à dépérir dans les jours qui suivent », précise-t-il. Pour lui, dans la majorité des cas, la situation ne devrait pas être problématique.

Colza, rien d’irréversible pour le rendement

Les colzas ont été marqués par des avortements de siliques ou fleurs. Dans le Nord-Est, c’est « une situation comparable à ce qu’on observe tous les deux ou trois ans », rappelle Hubert Hébinger, de Terres Inovia. En Normandie et dans l’Ouest, les causes sont multiples : écart important de température entre le jour et la nuit, mauvaise alimentation en eau liée à un enracinement moyen, variétés (les tardives sont plus touchées). Rien d’irréversible pour le rendement, puisque le colza a un bon potentiel de récupération. « À condition qu’il pleuve », tempère Hubert Hébinger. L’exceptionnel rayonnement de l’année, booster de croissance, n’éblouit pas outre mesure les spécialistes : c’est le manque d’eau qui pèse le plus pour l’instant.