Les filières de l’AOP franc-comtoise, comprenant notamment le comté, le morbier, le bleu de Gex ou le mont d’or, s’est penchée sur l’avenir de ces productions. Les différents acteurs ont imaginé cinq scénarios à l’horizon de 2030, qu’ils ont publié dans un rapport publié sur le site du CGAAER (Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux) le 24 mars.

Le premier scénario intitulé « Chacun pour soi » imagine que les producteurs ne suivent plus le modèle collectif de la filière actuelle. « La concurrence entre opérateurs exacerbe des comportements opportunistes, orientés par le court terme, à la recherche d’un profit immédiat », imagine le rapport. Les auteurs prévoient une augmentation de la taille des exploitations et la disparition de la moitié d’entre elles, avec une baisse du prix du comté et du lait en AOP.

Le deuxième scénario propose une montée en gamme de la filière du comté qui entraîne dans son sillage tout le secteur agricole de la région. Revers de la médaille, les autres productions en AOP disparaissent peu à peu devant la demande en comté.

Crise sanitaire

« Hygiénisation et déclin » est le synopsis du troisième scénario. Il envisage l’arrivée d’une crise sanitaire sur le lait cru qui face disparaître les AOP actuelles au profit d’un fromage du Jura pasteurisé qui soit en concurrence directe avec le reste de la production nationale et étrangère.

Le quatrième scénario imagine une situation de monopole avec une seule marque qui commercialise les trois quarts de la production de la zone AOP. « Le pouvoir de négociation n’est plus équilibré et, dans une forte opacité, les prix du lait AOP s’orientent à la baisse, tandis que le prix des fromages se maintient », écrivent les auteurs.

À fond sur l’environnement

Le rapport expose un cinquième scénario intitulé « Excellence environnementale ». Il se fonde sur l’élaboration d’un nouveau cahier des charges. « L’extensification des pratiques a entraîné une légère baisse de la productivité à l’hectare », analysent les auteurs. « Des tensions apparaissent autour de la disponibilité en lait entre les AOP. Afin d’y faire face, les filières mettent en place des règles de régulation de l’offre communes. Le consommateur accepte assez bien les variations de disponibilité des produits, car il sait qu’ils sont liés à la nature et à ses caprices », prévoient-ils.

T.D.