Un samedi matin, à la mi-décembre, Marc Closset, vétérinaire dans le sud de la Meuse, est appelé de toute urgence sur une exploitation (1). Lorsqu’il arrive, trois broutards charolais sont morts. Le praticien réalise aussitôt une autopsie sur l’un des animaux et découvre un liquide jaune au niveau des poumons, un hydrothorax. Déjà confronté à des cas similaires, il y a deux et trois ans, Marc Closset diagnostique aussitôt une intoxication due à la présence dans le foin d’une plante, le galega officinal.
Il recommande tout de suite à l’éleveur de vider toutes les mangeoires, mais le mal est fait. Durant le week-end, 15 vaches allaitantes et trois autres broutards vont périr. « Les lésions sont caractéristiques, explique Marc Closset. L’intoxication provoque une congestion pulmonaire violente, le plus souvent fatale. » L’éleveur a perdu quasi 20 % de son troupeau, sans aucun recours possible. Et il a dû acheter de nouveaux fourrages. Sa « chance » étant d’avoir un vétérinaire qui connaissait la pathologie.
Vigilance au moment de la fauche
« La plante est répertoriée comme toxique, souligne Marc Closset. Mais mes confrères ne connaissent pas forcément les symptômes, notamment cette présence très caractéristique d’un hydrothorax jaune. Plutôt présent dans le sud de la France, le galega est en train de remonter dans nos régions sous l’effet des changements climatiques. Il y a trois ans, j’ai été confronté à ce problème sur une petite exploitation d’élevage. Il y a deux ans, j’avais été nommé expert pour des cas sur des moutons. Une ferme ovine ayant des prairies toutes proches de celles de l’éleveur qui vient d’être méchamment touché. »
Le galega officinal se trouve plutôt sur les bords des routes et des chemins. « Les agriculteurs doivent être très vigilants au moment de la fauche, recommande Marc Closset. C’est la seule solution de prévention. »
(1) En raison du secret professionnel auquel est lié le vétérinaire, le nom de l’éleveur ne peut être communiqué.