«Un partenariat entre éleveurs allaitants et laitiers », c’est ce qu’ont imaginé les adhérents du Civam (1) bio 53, avec pour objectif de valoriser davantage de veaux en agriculture bio et à l’échelle locale.
À la tête d’un troupeau d’une quarantaine de vaches charolaises depuis 2011, Germain vendait initialement la totalité de ses veaux mâles en broutards. « Laisser partir mes animaux vers le circuit conventionnel avec une mise à l’engraissement à base de concentrés me posait question », confie l’éleveur, qui prône un système d’exploitation autonome basé sur l’herbe. Il y a trois ans, il a introduit le croisement angus, pour gagner en précocité de croissance et tendre vers une finition exclusivement à l’herbe. « Je suis passé à deux périodes de vêlage groupées, en mars et en septembre, avec la volonté de valoriser l’ensemble des mâles croisés en bœufs bio. »
Un groupe de travail
Toujours dans la recherche de valorisation en agriculture biologique, Germain participe depuis 2019, avec une quinzaine d’agriculteurs, à un groupe de travail au sein du Civam bio 53, pour trouver des débouchés potentiels aux veaux nés en élevage laitier (lire l’encadré). Avec six autres éleveurs volontaires, il expérimente la conduite de veaux issus de troupeaux laitiers mayennais sous vaches nourrices.
« Créer un pont entre éleveurs laitiers et allaitants pour pallier la fuite des veaux bio vers le circuit conventionnel. »
En avril 2021, l’agriculteur a accueilli cinq vaches nourrices, accompagnées de quinze veaux de races mixtes et croisés viande âgés de deux à trois semaines. Les nouveaux pensionnaires ont d’abord été logés en bâtiment, avec un accès en extérieur, le temps de la phase d’adoption. Le lot a ensuite été conduit au pâturage, où les nourrices ont allaité jusqu’au sevrage des jeunes, en octobre. « Entre la naissance et le sevrage, leur gain moyen quotidien (GMQ) a atteint 1 000 g/j », appuie-t-il.
Production de bœufs
Une fois séparés de leurs mères adoptives, les veaux, pesant 250 kg en moyenne, sont sortis à l’herbe le jour et sont rentrés la nuit jusqu’à mi-décembre. En bâtiment, le lot a reçu une ration journalière de 2,5 kg de MS d’ensilage de méteil, 1,5 kg de MS d’ensilage de luzerne, avec un complément en foin et en betterave.
Les veaux ont entamé, depuis le mois de février, leur deuxième saison de pâturage. À l’issue, ils seront valorisés, auprès d’Unébio, en bœufs et génisses de moins de 30 mois. « Parmi les débouchés, le veau de lait apparaissait comme un marché intéressant, mais les animaux croisés issus du troupeau laitier ne trouvent pas leur place en filière longue », relève l’éleveur.
Deux adoptions à suivre
S’agissant des vaches, Germain a décidé de faire téter deux nouveaux veaux sous chacune d’elles, plutôt que de les réformer. « Le GMQ du deuxième lot adopté est de 900 g/j, ce qui reste tout à fait satisfaisant. » En décembre, les femelles ont toutes été saillies par le taureau angus présent sur l’exploitation. Une fois qu’elles auront vêlé, les vaches se verront attribuer deux veaux, en plus de leur nouveau-né.
Au cours des trois prochaines années, l’exploitant compte poursuivre l’essai en diminuant progressivement de moitié son troupeau allaitant souche. Si les résultats économiques sont au rendez-vous, il envisage, à terme, de basculer à 100 % sur la conduite de veaux élevés sous nourrices. Pour un chargement visé de 1,1 UGB/ha de SFP, soit 85 UGB au total, le troupeau charolais laisserait place à 17 vaches nourrices et une cinquantaine de veaux.
(1) Centre d’initiative pour valoriser l’agriculture et le milieu rural.