«En trois ans, les chèvres ont bien travaillé ! Elles ont reconquis des pâtures dans des zones non-mécanisables où les genêts et les ronces dominaient, et où les vaches n’allaient plus », retrace Manuel Fournier, éleveur au Malzieu-Forain, en Lozère.
À la fin de l’année 2017, il s’est associé avec David Bourrier, qui avait repris la ferme de ses parents deux ans auparavant. Ils ont alors envisagé deux options : augmenter le nombre de vaches laitières ou créer un deuxième troupeau avec des brebis ou des chèvres. « Nous avons finalement opté pour les chèvres, car ce sont d’excellentes débroussailleuses », explique Manuel, qui apprécie, par ailleurs, leur caractère affectueux.
Achat de femelles pleines
Pour démarrer rapidement la traite, la transformation et la vente, il a acheté 17 chèvres pleines, dans le Cantal, déjà habituées au pâturage. Puis il a gardé des chevrettes pour augmenter l’effectif, actuellement de 32 chèvres. « Pour les loger, j’ai aménagé un ancien poulailler de 200 m2 que j’ai bien isolé, car ce sont des animaux qui craignent le froid », note-t-il.
« Les chèvres sont de bonnes débroussailleuses. »
La traite des chèvres dure de février à novembre. Leur ration durant l’hiver, par jour et par tête, est constituée de 2,4 kg de foin de prairie naturelle et 400 g de foin de luzerne. « À la traite, je complète avec 700 g de concentré, associant 200 g de céréales, 300 g de tourteau et 200 g de drèches de maïs », détaille Manuel. La mise à l’herbe stimule la lactation. « Je commence à les sortir fin avril, en constituant de grands parcs où les chèvres trouvent à la fois des zones embroussaillées et de l’herbe. Cependant, le plus souvent, elles commencent par les ronces ! »
Nouvelle stabulation
Les vaches laitières, pour l’instant logées dans une étable entravée dans le village, vont bientôt déménager dans la nouvelle stabulation. Celle-ci est située au milieu des pâtures. « Ce sera plus simple pour pratiquer un vrai pâturage tournant. Mon objectif est de leur faire consommer de l’herbe jeune afin de gagner en production de lait autonome », indique David.
Leur ration hivernale est constituée de 20 kg bruts d’ensilage d’herbe, 3 kg d’enrubannage, 6 kg de foin de première coupe et 2 kg de regain, complétés par 2 kg de céréales, 1 kg de tourteau et 3 kg de concentré énergétique (maïs, blé et orge). Elles pâturent ensuite de mi-avril à novembre, d’abord sur les prés de fauche qu’elles dépriment, puis dans les pâtures les plus accessibles. « Elles ne reçoivent alors que 3 kg de foin et du concentré à la traite, 2 kg de céréales, 0,75 kg de tourteau et 2 kg de correcteur », précise-t-il.
Lorsqu’il fait sec l’été, les vaches trouvent de l’herbe dans les pâtures boisées en complément des regains. Les chèvres repassent derrière elles trois semaines après pour consommer les refus. « Avec ces deux troupeaux, nous utilisons au mieux toutes les surfaces. Et quand les chèvres auront fini de bien débroussailler les pâtures, nous gagnerons encore en autonomie fourragère », relève Manuel.
Accroître la production
Le prochain challenge est d’augmenter la production de lait de chèvre afin de répondre à la demande en fromages. « Les ventes progressent et, en 2020, j’ai été en rupture sur certains produits en fin de saison », observe Manuel. Il a commencé à réformer les chèvres les moins productives et, cet hiver, il a recalé la ration. « Mon objectif est de passer de 1,6 à 2 l par chèvre et par jour afin d’arriver à transformer 15 000 l », affirme-t-il.
La transformation offre des possibilités de revaloriser le lait de vache. « L’an dernier, la coopérative nous a demandé de réduire les livraisons à cause du Covid-19. Manuel a alors transformé 1 500 l en tommes », rapporte David. Ces fromages ont séduit une partie de la clientèle et se sont vendus sans problème. « C’est un atout d’avoir une gamme plus large. Désormais, nous allons communiquer sur les deux laits », ajoute Manuel.