«Naisseur né », Florent Meliand a de qui tenir. « Ici, on a toujours confié l’engraissement à d’autres, explique l’éleveur de trente-huit ans, installé à Saint-Ulphace, dans le Perche sarthois. Mon père a travaillé avec la même personne du début des années 1990 jusqu’à 2013. Ensuite, nous avons fonctionné avec un voisin et, depuis deux ans, nos animaux partent en Mayenne, à Saint-Pierre-Sur-Orthe, chez Fabien Lefol. » De la même génération, les deux hommes ont défini un cahier des charges précis. « Je lui garantis un lot homogène, avec très peu d’écart d’âge », précise Florent.
Vêlages regroupés
Sur l’exploitation, le calendrier de reproduction est rigoureux, presque rigide : « Un reste de l’époque où nous produisions du porc. » Depuis dix ans, l’intervalle vêlage-vêlage est de 365 à 370 jours maximum. Les IA démarrent systématiquement le dernier lundi d’octobre. « Pendant quatre semaines, j’insémine toutes les vaches que je vois en chaleur, poursuit l’éleveur. Ensuite, l’inséminateur prend le relais, mais quoi qu’il arrive, on ne fait plus aucun rattrapage passé le 31 décembre. » Résultat : cette année, sur 150 vêlages, six ont eu lieu la première semaine d’août, et 122 entre le 7 août et le 10 septembre. « Au 15 septembre, j’étais à 132. Tout sera fini à la fin du mois, ce qui me laissera le temps de remettre le bâtiment en état avant de relancer les IA. »
« J’obtiens de mon engraisseur un retour sur la voie mâle à 17 mois. »
Sélectionneur, Florent garde chaque année entre 20 et 25 mâles qu’il vendra comme reproducteurs. « Je les trie fin mai, lorsque j’ai toutes les cartes en main : les poids à 120 et 210 jours, les notes de pointage au sevrage, les index des parents et la génomie des veaux. »
Sur l’élevage, la priorité est donnée aux qualités maternelles : le lait et la facilité de naissance. « Mais après, je fais très attention au développement musculaire et à la croissance des veaux, confie l’exploitant. L’idée étant de remettre de la conformation pour aller au moins vers des U, voire des E. » Le tri terminé, les mâles qui restent – 29 l’an dernier et 46 cette année – partent à l’engraissement la première quinzaine de juin. Conformément au cahier des charges, l’éleveur assure leur préparation. Une fois sevrés, ils sont démarrés au foin pendant trois jours. « Ensuite, j’introduis un correcteur azoté – sans OGM – et de l’ensilage de maïs. Je monte tranquillement pour arriver à 12/13 kg au moment du départ. » Florent fait aussi un rappel de vaccin contre les maladies respiratoires, RS, Pi3 et pasteurelles, un vermifuge et une pesée individuelle.
Prix des broutards stabilisé
À l’engraissement, les taurillons sont pesés deux fois, courant octobre et fin janvier-début février. En fin de lot, l’éleveur récupère ces informations en même temps que les données d’abattage – âge, poids et classement –, ainsi que les observations sur le comportement des animaux. Prévue au contrat, cette clause donne un retour sur la voie mâle à 17 mois. « À partir de ces données, je calcule les croissances par animal et je les compare aux origines, explique-t-il. Je sais tout de suite si tel père a donné des veaux qui font une bonne croissance. » L’information peut être un argument commercial. Elle permet aussi d’ajuster les accouplements. « J’ai ces informations avant la deuxième campagne de reproduction. S’il y a des choses à corriger, j’ai encore le temps de le faire. »
En place depuis deux ans, le contrat d’engraissement a également permis de tenir le prix des broutards. En moyenne, sur deux lots, il s’établit à 1 005 € par tête. Naisseur et engraisseur se basent sur la cotation de Châteaubriant (semaine de départ) et retiennent le prix maximum dans la catégorie mâles limousins, 6-12 mois, 300/350 kg, U. « L’an dernier, nous étions à 980 € pour un poids moyen de 335 kg, détaille Florent. Cette année, nous sommes à 1 031 € pour 350 kg. À ces niveaux de prix, je couvre les coûts de production. »