Construire un silo de stockage en dur représente un coût excessif pour certaines exploitations qui, en plus, manquent souvent de place. Cyril Benard est chef d’équipe dans une ferme de polyculture-élevage en Seine-Maritime. En parallèle, il a créé, il y a dix ans, son entreprise de prestation qui broie et stocke différentes graines dans des boudins, en alternative à un stockage en dur. En accord avec son employeur, il emprunte l’un des tracteurs de l’exploitation et se rend sur le lieu de stockage pour broyer la récolte.

La trémie est montée sur un système de tourelle tournant à 90° afin qu’en position de transport la vis d’alimentation ne sorte pas du gabarit de la machine. © P. Denis
La trémie est montée sur un système de tourelle tournant à 90° afin qu’en position de transport la vis d’alimentation ne sorte pas du gabarit de la machine. © P. Denis

 

Un broyage à la demande

Le broyage s’effectue à trois périodes distinctes. « Je reçois les premiers appels de mes clients­ début juillet lorsque l’orge commence à être battue », précise Cyril. Les seconds chantiers s’effectuent lors de la récolte du méteil (triticale, pois et avoine). Enfin, il intervient pour le broyage du maïs grain. « L’avantage du stockage en boudins, c’est que la matière se stabilise­ très rapidement et perd très peu en qualité. Le boudin est complètement hermétique. Il est donc possible de stocker du maïs ayant un taux d’humidité atteignant 28, voire 34 %, et lorsqu’un client le souhaite, du conservateur est rajouté. »

Concernant le stockage des boudins, il peut s’effectuer sur tout type de sol stabilisé (herbe, béton ou autres dalles). Il ne faut pas de dévers mais une légère pente peut convenir.

 

La vis envoie la matière dans le boudin. C’est elle qui subit le plus de contraintes car il faut qu’elle soit constamment sous pression pour éliminer le plus d’air possible, sachant que les boudins peuvent aller jusqu’à 60 m. © P. Denis
La vis envoie la matière dans le boudin. C’est elle qui subit le plus de contraintes car il faut qu’elle soit constamment sous pression pour éliminer le plus d’air possible, sachant que les boudins peuvent aller jusqu’à 60 m. © P. Denis

Un renouvellement de matériel tous les six ans

« Pour me lancer, j’ai investi dans un modèle d’occasion. Mais en 2017, j’ai acheté un Silopress EVO6 neuf, directement chez Idass », explique Cyril. Il pense changer cette machine d’ici deux ans.

Côté fonctionnement, le grain est versé dans la trémie qui le renvoie dans une seconde trémie via une vis sans fin. La matière est alors régulée manuellement afin de ne pas bourrer et faire caler le tracteur. Une fois la trappe passée, le grain est broyé entre deux rouleaux, l’un lisse et l’autre cranté, qui tournent à une vitesse différente. Lorsque le grain est bien broyé, il passe dans une vis qui le pousse dans le boudin. « Je laisse le tracteur à l’arrêt sans frein de parking. C’est la vis qui pousse la matière et fait avancer l’ensemble. Je ne gère que les freins de la machine afin que le boudin soit toujours sous pression, et je le dirige à droite ou à gauche pour qu’il reste correctement aligné », rapporte Cyril.

 

L’inconvénient du stockage d’aliments en boudins, c’est qu’il faut reprendre la matière à la main pour ne pas abîmer la bâche. © P. Denis
L’inconvénient du stockage d’aliments en boudins, c’est qu’il faut reprendre la matière à la main pour ne pas abîmer la bâche. © P. Denis

Conserver son autonomie alimentaire

Cette technique de stockage offre à l’éleveur une meilleure traçabilité des composants de ses rations. « Certains clients ont remarqué que même en livrant une benne d’orge brassicole de bonne qualité, la coopérative avait tendance à leur redonner un grain broyé de moindre qualité. Ils ont donc décidé de semer des parcelles d’orge brassicole destiné uniquement à être broyé », constate-t-il.

En termes de coûts, Cyril propose sa prestation à un tarif avoisinant 26 € par mètre de boudin, soit environ 24 € la tonne en fonction du type d’aliment qui est broyé. Paul Denis