ÀDomagné, en Ille-et-Vilaine, Denis Legendre exploite 26 ha en agriculture biologique, dont 17 ha de vergers de pommiers. Également éleveur, il fait pâturer, sous ses arbres fruitiers, des bovins et, depuis peu, des poules pondeuses. L’agriculteur a étudié l’autoconstruction d’un poulailler mobile puis l’a comparé avec un modèle clé en main du constructeur allemand Huehnermobil. « Je n’aurais pas économisé beaucoup, et l’outil aurait été moins fonctionnel. Je ne regrette pas d’avoir importé cet équipement. »
Un « accident heureux »
C’est en 2011, qu’un « accident heureux » lui apporte une solution pour diminuer ses charges. « Les vaches avaient cassé la clôture, et se sont retrouvées dans un de mes vergers. Ce qui est apparu, en premier lieu, comme un problème a eu, au final, un effet bénéfique. J’ai économisé un passage de broyeur dans cette parcelle cette année-là. En plus de désherber et de fertiliser, elles ont piétiné les pommes pourrissantes au sol, ce qui a diminué la tavelure. »
Suite à cet épisode, Denis a fait du passage des animaux dans les vergers une pierre angulaire de son système. Avant la cessation laitière, le pâturage était effectué par ce troupeau. Il est désormais réalisé par le nouvel atelier génisses. Le poulailler mobile, acquis cette année, pousse plus loin cette démarche. « Les bovins ne touchent pas aux pommiers si l’herbe est tendre, précise-t-il. Les poules terminent le travail en grattant la terre jusqu’au pied des arbres, l’entretien est meilleur qu’à la machine. J’ai vu une nette diminution de la pression des insectes et maladies, de l’usage de phytos et des charges de mécanisation. Ainsi que mon coût d’alimentation des animaux, évidemment. »
« Chef de chantier »
Depuis que les 200 poules sont arrivées sur la ferme, Denis optimise sa stratégie suivant ses observations. « Actuellement, je déplace le poulailler tous les quinze jours. Les poules passent après les génisses car si l’herbe est trop haute, elles n’explorent pas, explique l’exploitant. Les deux espèces se complètent, j’ai mes intermittentes du pâturage et celles du grattage, je ne suis que le chef de chantier. La capacité de stockage du réservoir d’eau et des quatre trémies d’aliment est supérieure à la consommation sur la durée de quinze jours. »
Les mangeoires et les abreuvoirs sont situés à l’étage supérieur du poulailler, ainsi que les pondoirs. À l’étage inférieur, se trouvent les portes qui donnent directement sur le parcours et dont la surface varie entre 2 500 et 3 500 m².
« Dans un verger de 170 m de long, les poules vont jusqu’au bout. Elles s’adaptent vite et le poulailler est un bon repère. » La gestion de la lumière de même que celle des ouvertures de portes et des volets de ventilation garantissent une atmosphère agréable.
Mobile et autonome
Les roues du poulailler mobile sont installées à l’extrémité arrière. Denis, n’effectuant pas de grands déplacements, les laisse dans cette configuration. Elles peuvent, cependant, être montées plus en avant, ce qui surélève l’engin pour les trajets plus longs. « Le tracteur de 70 ch, équipé d’une barre à trous sur le relevage, suffit pour bouger le bâtiment. À chaque changement de place, la consommation d’aliment diminue sur les premiers jours. Les poules se nourrissent, par conséquent, dans le verger et l’entretiennent. »
Les panneaux photovoltaïques placés sur le poulailler suffisent à fournir l’électricité pour la lumière, la gestion des ouvertures et la clôture électrique.
Denis vend aussi les œufs en direct, ce qui rembourse l’investissement et complète le revenu. Gildas Baron