Dans le domaine en plein essor de l’agriculture de précision, il y a les exploitants qui s’approprient peu à peu les nouvelles technologies, puis il y a Michael Godiet. Installé sur 120 hectares à Ruffy au sein de la SCEA Champagne-Brie, cet agriculteur est l’un des premiers en France à pratiquer la « modulation totale », c’est-à-dire à maîtriser l’ensemble des intrants.

Installation hors cadre

Cette appétence pour la technologie, Michael l’explique par son parcours peu classique pour un agriculteur champenois. « Je n’ai pas de racines agricoles. J’ai longtemps travaillé dans l’industrie aéronautique avant de reprendre l’exploitation de mes beaux-parents. C’est sûrement pour ça que les technologies de pointe m’attirent et ne me font pas peur. Puis il faut aussi avouer qu’avant de reprendre l’exploitation, je n’avais jamais conduit un tracteur. L’autoguidage était donc une évidence pour moi. »

Du matériel high-tech

Petit à petit, Michael s’équipe de matériel de haut de gamme permettant de réaliser de la modulation intraparcellaire automatiquement, notamment un pulvérisateur traîné John Deere 832i avec coupure de tronçons par GPS et un distributeur d’engrais Sulky X40 Econov avec régulation droite/gauche.

 

« J’ai la chance de bénéficier d’une grande antériorité de cartographie satellitaire sur l’exploitation, constate Michael Godiet. Je suis aussi pilote de drone et je réalise ma cartographie personnelle avec Airinov et Precifield. Pour la traçabilité, j’utilise le logiciel Arland de Smag. »

Créer ses propres cartes

Sur l’exploitation, la modulation de l’azote est pratiquée depuis 2005 avec Farmstar. Michael a franchi un pas supplémentaire avec la modulation de la fumure de fond puis des produits phyto. « Mon exploitation est coupée en deux avec, d’un côté, des terres crayeuses typiques de Champagne et, de l’autre, des parcelles très hétérogènes avec les terres collantes de la Brie. Moduler les intrants me semblait donc incontournable et surtout rapidement rentable. »

 

Tous les cinq ans, Michael réalise une analyse complète de chaque parcelle (conductivité, pH...) pour adapter sa modulation de fumure de fond. Il réalise sa carte de modulation des régulateurs de croissance à partir d’une mesure de biomasse effectuée par drone au stade de l’épi à 1 cm.

 

Pour la modulation des herbicides, Michael se base sur le type de sol et la cartographie de la conductivité. « Sur certaines zones d’une parcelle, je sais que la dose classique d’un herbicide comme Fosbury va endommager la culture. Je module donc la quantité épandue en fonction de la présence de terre forte ou de calcaire. »

Exploiter la télématique

Mis à part Tameo pour les maladies, Michael utilise assez peu les OAD, qui ne correspondent pas forcément à ses besoins. Il n’a pas non plus de station météo connectée puisqu’il récupère toutes les données utiles sur son OAD et le logiciel Atland. En revanche, il a pris goût à la télématique proposée par John Deere et apprécie que son concessionnaire PM-Pro puisse l‘assister à distance en consultant son ordinateur de bord en temps réel.

 

Les possibilités offertes par l’interface pour transférer les cartes de modulation sont aussi un atout. Prochaine étape pour Michael : la modulation du semis. « Techniquement, cela ne présente aucune difficulté mais il faut investir dans un nouveau semoir. C’est pour ça que je ne m’y suis pas encore mis. »