280 000 carottages, 1 200 profils de sol et 1 000 mesures de biomasse par an : BeAPI ne ménage pas ses efforts pour cartographier et caractériser avec précision les parcelles des agriculteurs qui ont choisi de se lancer dans la modulation intraparcellaire. Cette branche d’InVivo s’est appuyée sur l’expérience du normand Défisol, qui a été intégré dans sa structure, pour développer une offre de services sur toute la France.
Deux ans après le lancement de BeApi, l’entreprise estime que 100 000 hectares seraient cultivés en modulation intraparcellaire, avec des typologies d’exploitations très variées. Selon Cap Seine, la coopérative normande pionnière dans ce domaine, 42 % de ses adhérents seraient prêts à se lancer dans la modulation d’ici à 5 ans.
Priorité à l’observation du sol
Pour se lancer dans la modulation intraparcellaire, BeAPI propose toujours la même méthode : le retour à l’agronomie et la connaissance du sol. Chez Éric Mahaut, polyculteur-éleveur à Montigny-sur-Avre (Eure-et-Loir), 260 analyses de sol ont été réalisées sur les 190 hectares de cultures, pour un montant de 13 500 €.
Un investissement rentabilisé rapidement puisque l’éleveur estime son économie d’intrants à 5 000 € par an depuis qu’il pratique la modulation intraparcellaire. De son côté, Denis Vernet cultive 260 ha dans les Alpes-de-Haute-Provence, dont 140 ha de plantes à parfum. Pour le moment, il ne module que la fumure de fond. La prestation de BeAPI lui revient à 100 €/ha pour des cartes valables pendant dix ans.
Adapter le matériel
Pour Nicolas Veil, qui cultive céréales, colza, betteraves, pommes de terre et lin sur 300 hectares à Tourville-la-Campagne (Eure), l’étude des sols a permis de comprendre des écarts de six points de PS au sein d’une même parcelle. Passionné de machines, il n’a pas hésité à investir dans du matériel de haut de gamme pour pratiquer la modulation de dose, dont un épandeur d’engrais Amazone équipé de la pesée en continu. Pourtant, nul besoin de changer de tracteur ou d’investir fortement dans le matériel pour pratiquer la modulation. Ainsi, Éric Mahaut a adapté son tracteur de 20 ans pour 10 000 €.
Moduler au semis
Certains agriculteurs vont encore plus loin que la modulation de la fumure de fond et de l’azote. C’est le cas d’Arnaud Closmenil, que nous avions déjà rencontré en 2012. Installé sur 300 hectares répartis entre deux sites distants de 30 km à Saint-Denis-du-Béhélan et Illiers-l’Évêque (Eure), il maîtrise la modulation de la fertilisation, des régulateurs de croissance et du semis pour les céréales. Il a d’ailleurs été le premier agriculteur français à s’équiper du semoir Lemken capable de réguler la densité de semis en continu.
Il souhaite désormais se lancer dans la modulation du semis pour les betteraves, un défi car il a commencé cette culture l’an dernier. Il estime économiser entre 15 et 20 % de semences et autour de 22 000 litres d’azote par an avec la modulation intraparcellaire. Et surtout, il apprécie de donner une bonne image de l’agriculture auprès du grand public. « Nous sommes beaucoup critiqués mais quand j’explique que j’applique la dose exacte, au bon endroit et donc sans gaspillage ni pollution, j’arrive à faire changer le regard de mes voisins », apprécie Arnaud Closmenil.