Espacer les rangs de céréales est une thématique d’expérimentation pour limiter l’expansion des maladies et la prolifération des ravageurs en aérant la surface sans perdre de rendement. Mais il est possible d’aller plus loin pour augmenter la rentabilité de la parcelle, en implantant une culture de printemps dans l’espace entre les rangs de céréales, et ainsi faire une deuxième récolte sur la même année. C’est le « relay-cropping ». La mécanisation de cette pratique n’est pas une révolution par rapport au système classique, mais elle demande une réflexion différente.
Des outils classiques
En effet, il est nécessaire d’harmoniser tout le parc matériel. De la voie du tracteur à l’inter-rangs des semoirs, tout doit être pensé pour ne pas détériorer chacune des deux cultures en place. Le groupement d’agriculteurs de la Gascogne toulousaine teste déjà depuis quelques années cette technique sur une parcelle de quelques hectares à Auradé (Gers). « Étant une association d’agriculteurs, les moyens sont limités, on doit se débrouiller avec du matériel déjà présent dans notre parc », explique Francis Larroque, adhérant de l’association.
Voilà comment se sont organisés les protagonistes. Après une réflexion agronomique portant également sur la rotation, ils ont décidé de la configuration de semis. Deux rangs de céréales semés serrés à 12,5 cm seront séparés des rangs suivants par une bande de 48,5 cm. « Le semis est effectué par mon semoir en ligne conventionnel de 40 éléments. Il me suffit de fermer trois descentes sur cinq pour obtenir l’inter-rangs. Jusque-là, rien de compliqué », nous confie l’agriculteur. Justement, c’est ici que le sujet se corse puisque les passages du tracteur ne doivent plus endommager la culture implantée. Il faut donc adapter la voie, les pneumatiques du tracteur et des outils traînés pour que les roues passent dans l’inter-bandes sans écraser les céréales. C’est le tracteur de Francis qui a été réquisitionné et adapté à une voie de 185 cm pour des pneus étroits en 9,5 R48 à l’arrière et 9,5 R28 sur le train avant.
Le fait d’avoir un espace entre deux bandes dans les céréales avant le semis de printemps permet de réaliser un désherbage mécanique avec une bineuse. Celle-ci doit avoir un inter-rangs correspondant. Dans le cas des Auradéens, c’est une bineuse 8 rangs à 62,5 cm guidée par caméra qui officie.
Implanter la seconde culture et récolter
Arrive le printemps, et avec lui le semis de la culture d’inter-rangs. Que ce soit du sorgho, du soja ou du tournesol, c’est un semoir monograine qui est utilisé. « Dans le cadre de nos essais, nous avons un partenariat avec le constructeur local Aurensan, se félicite l’adhérant. Il nous fournit un semoir monograine 8 rangs avec un écartement de 62,5 cm. » Celui-ci est équipé d’une petite trémie, vu la petite surface qu’il est amené à semer. C’est un disque incliné qui ouvre la bande de semis tandis qu’une roue de rappui la referme. Il est également équipé d’une trémie pour la fertilisation et d’une cuve pour le traitement chimique localisé. Le produit ne doit pas contaminer les céréales.
Sonne l’heure de la récolte, la moissonneuse doit, comme le tracteur, avoir une voie et des pneumatiques adéquats pour passer sur les rangs de céréales qu’elle va récolter. Ainsi, la conduite d’une culture n’a aucun impact sur la seconde.