La buvée des veaux représente une astreinte deux fois par jour dans tous les élevages laitiers. La solution « high-tech » pour les moyennes et grandes structures était jusqu’à présent la mise en place d’un Dal (distributeur automatique de lait). Mais l’investissement dans cette machine représente près de 10 000 euros, auxquels il faut ajouter un entretien soigné et du temps à consacrer à l’éducation des veaux. Enfin, cette solution technique ne convient pas aux logements en igloos, une pratique économique qui tend à se développer dans les élevages français qui ne peuvent pas investir dans une nurserie collective.
La solution pour s’épargner le mélange du lait à la main, son transport dans la stabulation et son transvasement dans les seaux de buvée est le taxi à lait. Longtemps considéré comme une brouette avec un réservoir, le taxi à lait est désormais une possibilité intégrant de nombreuses solutions techniques.
Poudre, yaourt ou lait entier
Trois constructeurs se partagent l’essentiel de ce marché : Holm & Laue, Urban et Förster Technik. La capacité de ces chariots varie de 80 à près de 300 litres. Ils s’avèrent plus polyvalents que les Dal puisqu’ils sont capables de distribuer aussi bien de la poudre de lait que du lait entier et du yaourt. Les chariots les plus perfectionnés intègrent une solution permettant de prélever le lait du tank et de le pasteuriser en le chauffant à 63° pendant une trentaine de minutes. Il est également possible d’utiliser du lait à cellules qui aura été isolé pendant la traite. Ce lait est à réserver aux veaux mâles. Pendant la distribution, le lait est maintenu à température grâce à un dispositif de bain-marie. À l’intérieur du tank, les fabricants installent un agitateur à plusieurs vitesses. Avec le lait entier, l’agitation doit être lente pendant le réchauffage afin d’éviter de brûler le liquide. Avec la poudre, l’agitation est plus énergique pour assurer un mélange homogène.
Un moteur électrique
Le taxi à lait est conçu pour faire gagner du temps à l’éleveur, mais aussi pour épargner son dos, grâce notamment à un essieu motorisé. Un moteur électrique assure l’entraînement, en marche avant comme en marche arrière, ainsi que l’alimentation du pistolet de distribution du lait. Les batteries offrent en moyenne une autonomie de 1 h 30, ce qui est nettement suffisant pour les deux distributions quotidiennes. L’éleveur pilote l’avancement avec la poignée, comme sur un tire-palette électrique. La majorité des taxis à lait proposent une roue folle à l’avant. Néanmoins, Förster Technik, qui est distribué en France par La Buvette, offre une solution avec quatre grandes roues gonflables, dont deux pivotantes. Dans cette configuration, un essieu oscillant pendulaire améliore la stabilité en terrain accidenté et en dévers. La vitesse de déplacement de ces distributeurs de lait peut atteindre 6 km/h. Afin d’éviter les accidents, un bouton d’arrêt d’urgence est placé au centre de la poignée.
Des programmes sophistiqués
Avec la difficulté croissante de recruter des salariés qualifiés, la distribution du lait aux veaux est souvent réalisée par du personnel qui connaît mal le troupeau. L’éleveur ne peut donc pas lui confier la responsabilité d’ajuster la quantité distribuée à chaque animal ou au groupe logé dans un igloo collectif. Cette situation, les fabricants d’équipements d’élevage l’ont bien intégrée et ils proposent tous des machines « intelligentes », capables d’identifier l’animal avec son collier ou sa puce RFID et de lui distribuer la dose programmée. Cela implique que l’éleveur ou son responsable d’élevage consacre du temps à la programmation du système en amont, et après observation de l’animal analyse les données collectées par les systèmes d’évaluation de l’état corporel ou les capteurs de consommation de lait.
De son côté, le salarié se contente de parcourir les bâtiments ou la rangée d’igloos avec son taxi à lait et d’appuyer sur son pistolet de distribution devant chaque seau. Une pratique qui a le mérite de résoudre le problème de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, mais ne contribue pas à valoriser le métier de salarié en élevage.
Sur les modèles plus classiques, il est possible de pré-programmer six à dix portions différentes, par exemple une pour les niches individuelles des premiers jours, une autre ration pour les igloos collectifs et une troisième pour les femelles. À l’éleveur ou au salarié de choisir la bonne quantité avant de déclencher la distribution sur son pistolet. Selon son niveau de sophistication et la capacité de son réservoir, le taxi à lait coûte entre 4 000 et 8 000 euros. Des prototypes de taxis automoteurs, voire autonomes, sont en test dans plusieurs exploitations allemandes.